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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/694

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A TRAVERS L'EXPOSITION

III.[1]
LE PALAIS DE LA FORCE.

Rentrons dans la galerie des machines ; non plus pour en considérer la structure, mais pour observer ce qu’on fait dans la maison de fer. Accoudons-nous au balcon de l’étage supérieur ou prenons place sur l’un des ponts roulans ; et regardons au-dessous de nous.

Si quelque parfait désœuvré vient d’aventure flâner en ce lieu, j’imagine que cet inutile brûleur d’oxygène y ressentira un léger malaise en faisant retour sur lui-même ; tant la loi universelle du travail se révèle ici visible et vivante. Partout où tombe le regard, dans les profondeurs de l’immense vaisseau, les machines sont en travail. D’une extrémité à l’autre, les arbres de couche tournent sous nos pieds ; on dirait les moelles épinières de cet organisme. Comme un réseau de nerfs, les courroies de transmission s’en détachent ; elles communiquent une même vie aux milliers de membres qui s’emploient à des tâches diverses ; les bras mécaniques façonnent les métaux, tissent les étoffes, préparent les alimens, allument les lampes ; ils cousent, impriment, gravent, sculptent, ils se ploient à toutes les besognes, aux plus pénibles et aux plus délicates. Du poste élevé où nous sommes, on ne distingue

  1. Voyez la Revue du Ier et du 10 juillet.