Les généalogistes se sont efforcés de reconstituer les titres de noblesse de cette famille des La Porte. La vérité est qu’elle appartenait à la bourgeoisie, à cette bonne bourgeoisie de province et de Paris que l’honneur, le mérite, la fortune, les prétentions, rapprochaient de la petite noblesse jusqu’à l’y rattacher par de fréquentes unions.
Les La Porte étaient originaires de Parthenay ; ils étaient donc de la même province que les Du Plessis-Richelieu. C’est ce qui explique le mariage. Il n’en dut pas moins être considéré comme une mésalliance dans une famille qui, au degré précédent, s’était unie avec les Rochechouart. On peut supposer qu’à l’époque des fiançailles l’aîné des fils de Françoise de Rochechouart n’était pas mort, et que François de Richelieu n’était encore qu’un cadet.
Il faut ajouter que, vers le milieu du XVIe siècle, les Richelieu, malgré les services qu’ils avaient rendus aux rois, étaient tombés dans une sorte de misère. Peut-être espérait-on rétablir les affaires par l’héritage de l’avocat. Sur ce point encore, on fut déçu ; car Suzanne de la Porte ne reçut d’autres biens que ceux qui lui appartenaient du chef de sa mère, Claude Bochart, morte en 1556.
François de la Porte, père de Suzanne, et grand-père maternel du cardinal de Richelieu, n’était pas un homme ordinaire. Il était des plus distingués parmi ses collègues. Il fut le bâtonnier de leur ordre. Loysel, dans son Dialogue des Avocats, le cite, au premier rang, près des Christophe de Thon, des Guillaume Boucherat, des Charles du Moulin ; il parle de sa « confiance et hardiesse, » de son érudition technique ; il rappelle avec éloge la réponse vigoureuse qu’il fit au président De Thou, alors que celui-ci interrompant un avocat qui plaidait : « Vous avez tort, reprit La Porte, de vous en prendre à un homme qui en sait plus que vous-même n’en saurez jamais. »
François de la Porte fut un des avocats qui parlèrent dans le fameux procès de Cabrière et Mérindol. Il s’acquit une grande réputation, et Dreux du Radier n’est que l’écho des témoignages contemporains, quand il s’exprime ainsi à son sujet : « Il brilla à Paris dans la profession d’avocat, par tous les talons qui font le grand homme. Le public auquel il s : était consacré n’admirait pas moins son désintéressement et son affabilité que ses lumières. Si la vanité peut paraître excusable, personne n’eut plus d’excuses que François de la Porte. »
La vanité paraît avoir été, en effet, le défaut du brillant avocat. Nous verrons, par la suite, que ses descendans n’en laissèrent pas tomber l’héritage.
Cette vanité fut peut-être satisfaite par le mariage de sa fille avec un descendant de la famille des Du Plessis-Richelieu, et par