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FEMMES SLAVES

III.[1]
ZARKA (LA DALMATIE).

Là-haut, sur le plateau montagneux dalmate, non loin de la frontière du Monténégro, se trouvent, depuis des siècles, deux villages qui sont aussi près que loin l’un de l’autre. Près, parce qu’ils ne sont séparés que par un profond ravin, de sorte que les chaumières de Bratinje et de Mladoska sont construites, vis-à-vis les unes des autres, à peine à la distance d’un coup de fusil. Loin, parce qu’aucun pont ne traverse ce sombre ravin, et que, pour se rendre d’un village à l’autre, par la route qui serpente sur les flancs de la montagne, il faut au moins deux heures.

Là, où l’on n’aperçoit que des rochers stériles, s’étendait autrefois une superbe forêt qui fournit pendant longtemps à la fière république de Venise des mâts pour ses navires.

Aujourd’hui, le soleil darde ses rayons brûlans sur toute l’étendue de ces rochers escarpés que n’ombrage aucun arbre, où ne végètent que des herbes chétives, alternant avec des mousses jaunâtres. Avec leurs murs noircis par le temps, les deux villages sont comme des oasis dans le désert pierreux où, en été, semble régner le simoun, en hiver le vent polaire glacial.

  1. Voyez la Revue du 15 juin.