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A TRAVERS L'EXPOSITION

VI.[1]
LES EXOTIQUES. — LES COLONIES.

Après qu’il eut visité l’Exposition de 1878, l’hôte que nous fêtions à nouveau le mois dernier, le Schahin-Schali, nota ceci sur son journal : « Si je voulais décrire complètement le Trocadéro et l’Exposition, il faudrait se procurer un registre de la dimension du Schahnameh et écrire de ce moment jusqu’à la clôture, chaque jour sans interruption, pendant vingt-quatre heures ; même alors, je n’aurais pas achevé la dixième ni la centième partie de ma description, et il resterait une quantité de choses que je ne saurais nullement expliquer. Aucune description, à vrai dire, ne peut donner une idée réelle de cette Exposition. Il faut la voir de ses yeux. J’en suis sorti très las. » — On ne saurait dire mieux que ce roi. Nous avons poussé quelques pointes au Champ de Mars, nous commençons à peine à nous y reconnaître, et déjà il le faut quitter. Les campemens des peuples exotiques nous appellent à l’esplanade des Invalides. Il n’est que temps. Sur les ormeaux qui abritent les cases africaines, les premiers frissons de l’automne ont passé ; les plantes frileuses des tropiques vont rentrer dans leurs serres natales. Hier, les noirs du Congo lâchaient pied ; ils se rembarquent au Havre. Quelques jours encore et l’on devra rapatrier d’autres voisins de l’Equateur, les jaunes de l’Indo-Chine. — Hâtons-nous avant qu’elle

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 juillet, du Ier et du 15 août, et du 1er septembre.