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et de grands espaces, nous pouvons être fiers des résultats obtenus par ces enfans de l’Europe. Ce sont eux, Français et Anglais, Espagnols et Portugais, Irlandais et Italiens, hommes du nord et hommes du sud, qui ont fondé, créé ces républiques florissantes et ce vaste empire du Brésil, colonisé et mis en valeur ces terres incultes, décuplé l’actif commun de l’humanité, ouvert aux besoins d’expansion et aux capitaux de l’ancien monde un champ sans limite. Ce continent, découvert et peuplé par l’Europe, s’est richement acquitté avec l’or du Mexique et de la Californie, l’argent du Nevada, avec les céréales du Canada et des États-Unis, avec les troupeaux de la République argentine, les produits tropicaux de l’Equateur, du Guatemala, du Nicaragua, de Sun-Salvador, du Brésil, de l’Uruguay et du Paraguay. Il a payé sa dette, et au centuple, à l’Europe, et l’Europe reconnaissante applaudit aux efforts de ses colons, s’enorgueillit de leurs succès.

Plus qu’aucune autre, la France le peut faire. Mieux que d’autres, en effet, ces états nouveaux ont répondu à son appel, et ce n’est ni l’un des moindres attraits de notre Exposition, ni l’une des moindres surprises qu’elle ménage à ses visiteurs, que cette révélation soudaine, sur les rives de la Seine, des étonnantes richesses de la jeune Amérique. Pour la première fois, elle s’affirme dans sa cosmopolite variété et dans son individuelle originalité ; non plus sous la forme banale, économique et confuse de produits similaires, classés, selon leur nature, dans un local commun, mais en laissant à chaque pays le soin d’édifier à sa guise son cadre particulier, d’organiser et de classer, suivant leur importance, d’exposer seul et chez lui, les produits de son sol et de son industrie. L’essai a réussi au-delà de toute attente et le succès est complet. À l’exception de la grande république des États-Unis, dont les preuves n’étaient plus à faire et qui occupe au Champ de Mars, dans le Palais des arts libéraux une place à peine proportionnée à son importance, et du Canada, dont nous regrettons l’absence, sans mettre en doute la sympathie, les autres nations des deux Amériques ont tenu, cette fois, à recevoir chez elles leurs visiteurs.

Elles n’y ont rien perdu, et notre Exposition y a beaucoup gagné. L’infinie variété de ces constructions, les divers types d’architecture adoptés, outre qu’ils parlent aux yeux et à l’imagination, réveillant un passé disparu, évoquant et précisant des origines jusqu’ici peu connues du plus grand nombre, contribuent puissamment à fixer, dans les mémoires les plus rétives, le souvenir des choses vues. Un ensemble distinct et complet, un enseignement précis, se dégagent de ces visites séparées, faites dans des constructions de style et d’aspect si différens ; la forme extérieure