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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/935

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A TRAVERS L'EXPOSITION

VII.[1]
DEVANT L’ « HISTOIRE DU SIÈCLE. »

Des foules accourues des deux hémisphères continuent à envahir l’Exposition. Pour nous, qui l’avons vue dans sa fleur printanière et dans l’éclat de sa nouveauté, ce n’est plus cela. Les jours sont diminués et pâles, les choses fanées, tout parle de la fin prochaine. Notre curiosité satisfaite se détourne vers d’autres préoccupations ; le charme est rompu. Pourtant de grands voyages de découverte resteraient à faire dans cette Exposition que nous croyons connaître ; celui qui s’était promis de l’étudier ici la quittera avec le remords de n’en avoir presque rien dit. Mais il n’a point la prétention de changer les cœurs dans Athènes. Leur naturel est inconstant ; ils ont violemment aimé la belle merveille, pendant quelques mois ; les plus fidèles lui gardent de l’intérêt ; les autres glissent à l’indifférence. On aurait désormais mauvaise grâce à leur détailler les perfections d’un objet dont ils se sont dépris. Le soir de la distribution des récompenses, nous n’en aurions pas trop voulu à la main prévoyante qui eut changé l’illumination en incendie et brûlé tous ces palais dans une fête d’apothéose. Un Néron, un tyran artiste, n’y aurait pas manqué ; il eût épargné à ce qui l’avait séduit la tristesse et l’humiliation de finir, la dérive lente au pays

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 juillet, du 1er et du 15 août, du 1er et du 15 septembre et du 1er octobre.