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a dépassé déjà 100 millions de francs), que les actionnaires sont convoqués le 5 novembre en assemblée générale extraordinaire pour délibérer sur le doublement du capital, de 40 à 80 millions. Le vote de l’assemblée ne saurait être considéré un seul instant comme douteux.

Pendant ce temps, les titres de l’ancien Comptoir ont tristement rétrogradé de 92.50 à 52.50, sur l’échec des projets de transaction entre la liquidation et les anciens administrateurs. Il apparaît de plus en plus certain que tout ce qui pourra revenir à la liquidation profitera aux créanciers et qu’il ne restera absolument rien pour les actionnaires.

Le 9 du mois courant a été mis en souscription, à Londres et à Paris, par les soins de MM. de Rothschild, un emprunt 4 pour 100 du gouvernement brésilien au montant de 20 millions de livres sterling, dont le produit doit être affecté au remboursement de plusieurs anciens emprunts 5 pour 100. La souscription pouvait se faire soit en espèces, le taux du 4 pour 100 nouveau étant 90 pour 100, soit en titres des anciens emprunts 5 pour 100 reçus en paiement au pair. Aux titres ainsi présentés II l’échange, il était en outre alloué une bonification de 1 1/2 pour 100. L’opération paraît avoir réussi, la maison Rothschild de Paris remboursant dès maintenant aux souscripteurs contre espèces 60 pour 100 des sommes versées à leurs guichets.

La prime sur l’or à Buenos-Ayres se maintient au-dessus de 100 pour 100. Cependant les valeurs argentines des diverses catégories se sont quelque peu relevées de la dépréciation dont elles étaient frappées il y a quinze jours. L’Obligation 5 pour 100 du gouvernement fédéral a repris de 467 à 487. L’obligation des Chemins argentins de 415 à 425 : ainsi des autres. Des acheteurs plus confians ont pris la place des porteurs effrayés par la crise dont la hausse de l’agio sur l’or est la manifestation extérieure. On a réfléchi que bien des pays, soumis depuis longtemps au régime du cours forcé, entre autres le Chili et la Russie, jouissent néanmoins d’un très bon crédit. Le gouvernement argentin aurait tort cependant de négliger l’avertissement donné par la baisse récente de valeurs dont l’émission, à de bien plus hauts cours que ceux actuellement côtés, ne remonte pas à plus de deux ans. Il est question d’un nouvel emprunt que le gouvernement essaierait de négocier en Angleterre et en France, en 4 1/2 pour 100 or, au montant de 8 millions de livres sterling. Il faut espérer, si ces négociations aboutissent, que le produit de l’opération sera exclusivement affecté au rachat, pour un montant égal, du papier-monnaie, billets de banque ou cedulas, dont les émissions désordonnées ont provoqué la crise actuelle.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.