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conviendra sans peine que ce n’est pas là une organisation solide, ni rationnelle. Si ce général-inspecteur doit avoir, en temps de guerre, la conduite et la responsabilité des brigades qu’il examine, il est logique et prudent qu’il ait, en temps de paix, le soin de les préparer. A lui seul appartient de façonner l’instrument dont il devra se servir.

Ainsi l’organisation actuelle des brigades de corps, déjà défectueuse au point de vue de leur emploi à la guerre, porte encore atteinte à la bonne constitution de leur commandement.


Si le commandement représente l’élément moral d’une troupe de cavalerie, le cheval en est le plus important facteur matériel. C’est par excellence l’arme du cavalier ; il résume le fonds même de sa tactique : la mobilité et la vitesse.

L’évolution qui, depuis quinze années, transforme notre système de remonte, sera bientôt achevée. A un mode défectueux, encombrant nos escadrons de jeunes chevaux incapables de rendre des services immédiats ; à la fluctuation continuelle des effectifs ; au manque absolu de règles fixes dans les achats et les réformes, ont succédé, d’abord l’institution des dépôts de transition, débarrassant les corps des sujets trop jeunes pour entrer en campagne ; puis, par la fixité des achats et des réformes, celle des effectifs. Enfin les régimens ont été exonérés, pour la plupart, des prélèvemens périodiques opérés autrefois au profit d’officiers étrangers à l’arme. Les progrès paraissent donc constans et généralisés. Ils le seraient réellement s’ils n’étaient contrariés par des influences politiques d’autant plus nombreuses que le système des remontes se rattache plus étroitement aux questions industrielles et agricoles.

Par une anomalie caractéristique, c’est surtout en vue de satisfaire aux revendications, — d’ailleurs légitimes, — des éleveurs, qu’a été décidée la fixité du chiffre annuel des achats. La cavalerie en a bénéficié dans une large mesure, mais par conséquence, et non à titre d’objectif direct. Ce côté électoral de la question a continué de prédominer. La production chevaline n’est pas égale, en qualité et en quantité, dans toutes les parties de la France. Cette considération aurait dû imposer une répartition rationnelle. Il n’en a rien été. Au lieu de développer les achats là où existe le meilleur cheval d’armes, de les restreindre là où il est défectueux, on semble s’être attaché surtout à offrir aux éleveurs un débouché mesuré à la nuance de leurs opinions encore plus qu’aux mérites de leurs produits. C’est ainsi que le sud-ouest offre une qualité exceptionnelle de chevaux de cavalerie légère dont on est loin de tirer tout le parti possible, alors qu’on achète à