jeter dans la bataille un appoint personnel et puissant ; seul cependant, il n’est réuni et exercé qu’à l’état d’exception !
il est temps d’aborder on ordre d’idées plus rationnel et plus fécond, de reléguer les manœuvres de division et, de brigade au second plan, dans le cadre des manœuvres de garnison. Elles sont accessoires et dépendantes ; elles doivent servir de prélude et non de but. Le décret de 1831 n’a plus sa raison d’être ; il faut lui en substituer un autre, dans un esprit nouveau, et donner pour premier objectif aux manœuvres d’automne : l’Éducation tactique du corps d’armée. En même temps on doit chercher à constituer, dans le cercle des grandes manœuvres, si restreint qu’il soit, une plus large et plus solide école du haut commandement.
Il est hors de doute, en effet, que c’est là une occasion unique d’exercer les généraux à leur rôle futur. Simples exécutans dans ce vaste concert, les officiers de troupes y jouent leur partition pour ainsi dire par cœur ; à peine les colonels aperçoivent-ils le chef d’orchestre ! Mais les généraux qui toute l’année sont restés dans la coulisse doivent ! à leur tour entrer en scène, ils sont les personnages de la pièce ; ils en détiennent les rôles principaux. Encore doivent-ils répéter ce rôle dans les conditions mêmes où ils seront appelés à le jouer.
Si les nombres ont grandi, en effet, le champ d’action des unités de combat a proportionnellement diminué. Dans la concentration très, dense qu’on entrevoit pour l’avenir, les intervalles se resserrent et chaque groupe apparaît fortement encadré. Les fronts de combat des corps d’armée sont doublement réduits, et par la nécessité de mettre en jeu de formidables effectifs, et par celle d’opposer à des feux plus destructeurs, à une défensive plus puissante, une série d’efforts, multiples, rapides, mais successifs, une sorte de crescendo offensif qui, du début au dénoûment, ne permet pas à l’adversaire de se ressaisir. Pour ces unités, le combat gagne en profondeur ce qu’il perd en étendue du front.
Sans entrer dans des considérations stratégiques qui évidemment reposeraient sur des- données fantaisistes, on peut cependant supposer que les années modernes se composeront, en moyenne, de quatre à cinq corps d’armée, formés sur deux lignes ; c’est-à-dire qu’elles présenteront une première ligne de trois ou quatre corps d’armée. Dans ces conditions, il est difficile d’admettre que ces unités continuent, aux grandes manœuvres, d’occuper des fronts de combat supérieurs à 4 ou 5 kilomètres. A quelle hypothèse de guerre un tel développement pourrait-il correspondre, et quel chef d’armée serait capable de diriger l’ensemble d’opérations aussi démesurément étendues ? — Ce n’est pas là une éducation tactique rationnelle. Pour rentrer dans les conditions de la prochaine