les subterfuges de la passion de parti pour se dérober à la vérité des choses, pour éluder des nécessités qu’ils ont eux-mêmes reconnues.
Est-ce qu’il s’agit de faire ou de subir des conditions, de signer des traités avec les conservateurs, d’entrer avec eux en partage du pouvoir, de décider en un mot de la direction des affaires publiques par des arrangemens personnels ou même des arrangemens de parti ? Il s’agit avant tout de se mettre en face du pays, d’interroger ses vœux, de savoir ce qu’il a voulu, et d’adopter la seule politique qui puisse répondre à cet état nouveau, sans se préoccuper des alliés ou des adversaires qu’on rencontrera. M. Léon Say, qui a ouvert la campagne au nom de la république modérée et qui la poursuit avec une ferme persévérance, le disait récemment dans un discours familier qui, sans être un programme, trace quelques-unes des conditions de la politique nouvelle. L’essentiel n’est pas de se jeter à travers les lois qui existent, de tout changer ou de tout réformer au plus vite. Le plus pressé est de réformer d’abord l’esprit de l’administration, de faire pénétrer partout l’esprit de tolérance et de modération, de ne pas craindre de consulter les conseils municipaux, les pères de famille, dans toutes ces affaires irritantes des écoles et des laïcisations. Il s’agit en d’autres termes d’une politique qui mette la paix là où l’on a mis la guerre, l’ordre et l’équité là où l’on a mis la désorganisation et la lutte, — qui applique, avec une intelligente et tolérante mesure, des lois dures par elles-mêmes et décourage les excentricités radicales partout où elles se produisent. Les républicains qui sont des modérés intermittens prétendent, dans leurs bons jours, qu’ils sont disposés à suivre cette politique — mais à la condition que tout soit fait par une majorité républicaine. Soit ! Qu’ils l’essaient, qu’ils le fassent s’ils le peuvent : c’est tout ce qu’on leur demande depuis longtemps, ce qu’ils n’ont malheureusement pas fait jusqu’ici. Qu’ils rétablissent la paix morale et religieuse ! Qu’ils rassurent les croyances et les intérêts ! Qu’ils mettent la prévoyance et la conciliation libérale dans leurs actes, dans les lois, dans l’administration ; qu’ils commencent d’abord par donner le gage le plus sensible et le plus efficace de leur modération dans cette première opération de l’examen des pouvoirs qui va s’ouvrir, qui peut décider de la fortune de la session, peut-être de la législature !
C’est, en effet, au seuil de cette ère nouvelle, une épreuve aussi sérieuse que délicate, et si elle a pris ce caractère, il faut le dire, c’est que cette vérification des pouvoirs a été dénaturée par les précédentes chambres républicaines dans un intérêt de parti, pour assouvir des ressentimens de parti. Il est bien clair, et cela a été toujours entendu ainsi, que par lui-même cet examen des pouvoirs est l’acte le plus simple. Il n’a d’autre objet que de vérifier la correction et la légalité d’un scrutin, les conditions d’éligibilité d’un candidat, la régularité des