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qui a le premier mis en usage ces moyens topiques d’enseignement qui ont le caractère de l’évidence et portent la conviction dans tous les esprits. Il avait fait de cette question le but de son existence ; il en poursuivait la solution avec une ardeur passionnée, parcourant l’Europe pour étudier sur place les dispositions en usage dans les principaux centres de population, allant de ville en ville, de congrès en congrès, pour répandre ses idées ; multipliant les démonstrations et les conférences avec la verve et la force de conviction d’un apôtre.

C’est Durand-Claye qui a eu le premier l’idée d’opposer l’une à l’autre la représentation d’une maison malsaine et d’une habitation salubre. Nous nous rappelons tous cette splendide exposition de la ville de Paris qui éclipsait tout le reste au congrès de Genève, ces fac-similé de dix mètres de haut, représentant en demi-grandeur, et dans tous leurs détails, les dispositions qu’il faut adopter dans la construction des maisons modernes, les cartes, les dessins, les plans relatifs à la distribution des eaux de Paris, à la canalisation souterraine et à l’épandage des eaux d’égout sur les terrains de Gennevilliers. Nous avons retrouvé tout cela, quatre ans après, à l’exposition d’hygiène urbaine de la caserne Lobau, et c’est avec le même plaisir que nous avons revu les appareils de démonstration de Durand-Claye, exposés par sa veuve, dans le pavillon de la ville de Paris, à côté des deux maisons d’étude édifiées par MM. Bechmann et Masson. La partie de son œuvre qui intéresse l’hygiène de la voie publique a bien plus d’importance encore, ainsi que nous allons le voir.


IV

La salubrité d’une ville dépend de deux choses : de la qualité des eaux qu’elle boit, de la promptitude avec laquelle elle se débarrasse de ses immondices. Le taux de sa mortalité se règle sur la façon dont ces deux conditions sont remplies. On en trouve la preuve à l’Exposition, pour ce qui concerne la ville de Paris. M. Bertillon y a envoyé une collection de graphiques et de cartogrammes représentant le mouvement de la population et de la mortalité de la ville, ainsi que la marche de ses épidémies. Les décès causés par les principales maladies infectieuses, telles que la fièvre typhoïde, la variole, la diphtérie, etc., y sont indiqués par quartiers, et leur nombre est en rapport avec le degré d’assainissement de ceux-ci. On trouve, dans les cartons de Durand-Claye, des cartes semblables dressées au point de vue de la fièvre typhoïde et des causes qui peuvent l’influencer. Elles prouvent, de la manière la