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En France, la ville de Paris est la seule qui ait fait figurer son service des eaux à l’Exposition ; mais elle y a mis un grand soin. C’est d’abord un tableau montrant la distribution de l’eau, dans Paris, en 1649 ; puis une série de plans et de graphiques indiquant le développement progressif de la canalisation, de 1875 à 1888, l’accroissement de la quantité d’eau distribuée, et le mouvement journalier de la consommation dans le cours de cette dernière année.

En jetant un coup d’œil sur ces tableaux, on reconnaît que nous aurions tort de nous plaindre. En 1789, paris ne pouvait donner, chaque jour, que 13 litres d’eau à chacun de ses 000,000 habitans ; aujourd’hui qu’il en a 2,239,928, il leur en délivre, à chacun, 220 litres par jour. Lorsque les travaux de dérivation qui sont en cours seront terminés, lorsque les sources de la Vigne et de Verneuil nous fourniront chaque jour 120,000 mètres cubes d’eau de plus, chacun de nous en aura 300 litres à dépenser. Si l’on amène l’eau de l’Avre à Paris, il y en aura encore 100,000 mètres cubes de plus par vingt-quatre heures ; enfin, quand on aura terminé certains travaux de dérivation projetés à l’est de la ville, nous serons littéralement inondés. En attendant, une partie de la ville est obligée, tous les ans, de boire de l’eau de Seine pendant les chaleurs de l’été. Tous les arrondissemens y passent à leur tour, mais ce n’est ni propre ni salubre.

La faute n’en est pas au service des eaux. Il fait tout ce qu’il peut, dans la limite des crédits qui lui sont alloués. Il ne cherche pas à tromper le public et à lui dissimuler la qualité des produits qu’il lui livre, car il a réinstallé, dans un des pavillons de la ville de Paris, les trois réservoirs à parois de verre qu’il avait déjà exposés, en 1886, à la caserne Lobau et qui y avaient fait sensation. Celui du milieu est rempli d’eau de la vanne, claire, limpide, transparente ; celui de droite contient de l’eau de Seine trouble et jaunâtre ; le troisième enfin est plein d’eau de l’Ourcq, qui est presque bourbeuse. C’est encore un de ces enseignemens démonstratifs qui n’ont pas besoin de commentaires. Chacun sait à quoi s’en tenir, quand il a plongé son regard dans les trois compartimens de cette sorte d’aquarium, et, s’il appartient à un des arrondissemens qui ont cette année la mauvaise fortune d’être abreuvés d’eau de Seine, ce que le visiteur a de mieux à faire, c’est de se rendre immédiatement au palais de l’hygiène et d’y faire choix d’un des filtres qui y sont exposés.

Le service municipal des eaux a fait représenter, par des dessins ou par des plans en relief, ses usines élévatoires du quai de la Râpée, d’Ivry-sur-Seine, de l’Ourcq, de Saint-Maur et enfin les