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par les découvertes que l’on a faites, que l’on fait encore tous les jours, nous a valu des ouvrages comme celui de MM. George Perrot et Charles Chipiez, dont le cinquième volume vient de paraître : l’Histoire de l’art dans l’antiquité. Ne l’avons-nous pas peut-être déjà dit ? Nous le répéterons donc en ce cas : ni en Allemagne ni en Angleterre, pour les proportions de l’ouvrage ou du monument, dont cinq gros volumes déjà parus nous ont exposé, sans les épuiser, les richesses de l’art oriental, égyptien, assyrien, phénicien, persan ; — pour la sûreté de l’érudition et de cette connaissance de l’histoire générale, de l’histoire des mœurs, qui seule vivifie l’érudition ; — pour l’habile distribution des matières, pour la clarté, pour la précision, pour l’agrément du style ; — enfin pour le choix des illustrations, qui fait sans doute une partie considérable d’une Histoire de l’art, il n’y a rien de comparable. On remarquera surtout, dans ce cinquième volume, — Phrygie, — Lydie et Carie, — Lycie, — Perse, — les chapitres consacrés à la Perse, et dont la nouveauté suffirait à prouver ce que nous disions tout à l’heure : que nous avons sans doute attendu, mais que nous sommes largement dédommagés de l’attente.

L’ouvrage de MM. T. de Wyzewa et Perreau, les Grands peintres des Flandres, de l’Italie, de la Hollande et de la France, n’a sans doute pas la même importance que l’Histoire de l’art dans l’antiquité ; et aussi n’en faisons-nous point de comparaison. Il ne s’adresse point, en effet, au même public, et le texte y sert plutôt de commentaire à l’illustration que l’illustration de preuve ou d’éclaircissement au texte. Tel qu’il est cependant, nous ne craignons point de le recommander. La disposition en est claire ; les renseignemens y sont sûrs et précis ; les jugemens très personnels, et dans leur brièveté, d’une remarquable justesse ; la forme enfin, quoique cursive, pour ainsi dire, en est élégante dans sa rapidité même. Nous souhaiterions que cette esquisse, dans la pensée de ses auteurs, et des Didot, leurs éditeurs, ne fût que l’avant-projet d’une Histoire de la peinture, qui nous manque toujours, — l’Histoire des peintres, de Charles Blanc, n’en est à vrai dire que l’album, ou le portefeuille ; — et nous aimons à croire que notre souhait se réalisera.

L’histoire de la Porcelaine tendre de Sèvres, de M. Édouard Garnier, publiée par la maison Quantin, est d’un intérêt moins général. Nous n’en avons d’ailleurs encore vu que quelques livraisons, mais nous en avons admiré l’exécution matérielle :


On travaille aujourd’hui d’un air miraculeux ;


et depuis quelques années les différens procédés d’impression en couleurs, — que nous ne sommes point si habiles que de vouloir distinguer