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LA
PEINTURE JAPONAISE

I. Louis Gonse, l’Art japonais, 2 vol. ; Quantin, 1885. Paris. — H. W. Anderson, Pictorial Arts in Japan, 1886. — III. Justus Brinckmann, Kunst und Handwerk in Japan, t. I et II, 1890.

On se rappelle le rapide succès qu’a naguère trouvé en France la littérature russe. Un écrivain éminent nous l’a révélée, nous a fait connaître et aimer l’originalité de quelques-uns de ses chefs-d’œuvre. Du jour au lendemain, Gogol, Tolstoï, Dostoïewsky étaient célèbres chez nous, et leur influence semblait appelée à modifier la direction de notre littérature nationale. Mais bientôt le zèle immodéré des traducteurs détruisit en partie le salutaire effet de cette révélation. Ils nous donnèrent tant de romans, et tant à la fois, et des romans de mérites si divers, qu’il nous devint impossible de nous y reconnaître. Ils voulurent aller trop vite : notre attention se lassa. C’est exactement des causes du même ordre qui risquent longtemps encore, en France et dans toute l’Europe, d’entraver la juste appréciation de l’art japonais. On s’est trop pressé de nous faire connaître cet art si différent du nôtre, si nouveau pour nous, et dont l’étude aurait exigé tant de lenteur et de choix. Comme le roman russe, l’art japonais a passé trop tard et trop rapidement devant nos yeux. Nous avons été d’abord éblouis de son charme ; mais voici maintenant qu’à un engouement irréfléchi semble vouloir se substituer un peu de lassitude, sans que nous ayons eu le loisir de démêler la part du génie et celle de l’habileté, celle de