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Le 3 pour 100, en effet, n’a reperdu qu’une partie de l’avance extraordinaire que lui avaient value le désarroi et la capitulation finale de la spéculation à découvert.

La réaction était inévitable. Les valeurs internationales avaient déjà donné l’exemple, la question du Crédit foncier était encore pendante, la politique extérieure donnait quelques inquiétudes, une épidémie se déclarait en Espagne, la Serbie et la Bulgarie s’agitaient, l’argent devenait très serré à Berlin et à Londres, le taux des reports se tendait, la Banque d’Angleterre élevait son escompte de 3 à 4 pour 100, une panique se produisait à Londres sur le marché des valeurs argentines.

C’est miracle, dans ces conditions, que le 3 pour 100 français, avec un report qui a atteint 0 fr. 24 au parquet et 0 fr. 30 sur le marché libre, n’ait reculé de 93 francs, cours extrême en hausse, qu’à 91.30 en liquidation de fin juin et à 91.20 aujourd’hui.

Depuis la fixation des cours de compensation pour fin juin, les deux autres rentes françaises non-seulement n’ont pas fléchi, mais se sont même avancées de quelques centimes : l’amortissable de 93.40 à 93.60, le 4 1/2 de 106.25 à 106.80. C’est sur le 3 pour 100 perpétuel qu’ont porté principalement les réalisations ; il est vrai que sur ce fonds seul existaient des engagemens de quelque importance en spéculation.

Pendant quelques jours, le marché a été tenu dans l’incertitude sur la question de la date de l’emprunt proposé au commencement de cette année même par le ministre des finances. La question du Crédit foncier étant réglée, on a pu croire que le cabinet serait désireux de mettre à profit l’occasion que présentaient les cours exceptionnellement favorables de la rente pour opérer, sans plus de retard, l’émission des 700 millions de francs à l’aide de laquelle on doit rembourser les obligations sexennaires du budget extraordinaire de la guerre et consolider une partie de la dette flottante. Contrairement à cette attente, le ministre des finances a déclaré lui-même que l’emprunt devait être « la suite » et non « la préface » du budget de 1891, et la Chambre, qui n’est que trop disposée à hâter le plus possible l’époque des vacances, a décidé d’ajourner à la session d’automne tout à la fois la discussion du budget de 1891 et celle du projet de loi d’emprunt. Le dernier effort, dans la session actuelle, va porter sur le débat de la loi concernant les contributions directes.

La baisse a été importante sur la plupart des fonds internationaux, mais principalement sur l’Italien, l’Extérieure et les 4 pour 100 russes. Les reports ont été élevés et la spéculation s’est dégagée le plus largement que les cours le lui ont permis.

L’Italien, ex-coupon semestriel de 2 fr. 17, a fléchi lourdement à 92 fr. 70. Il y a lieu de supposer que les ventes de rentes provenant du fonds des pensions ont continué pendant cette dernière quinzaine