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l’importance grandit avec la vitesse des bâtimens modernes, nous passerons à la tactique de marche, que nous chercherons à réduire à un petit nombre de principes simples.

Plus tard, peut-être, étudierons-nous la tactique de combat, mais nous n’oublierons pas les opérations qui peuvent se présenter en dehors de la rencontre de deux escadres en haute mer, les opérations sur les côtes, par exemple, dont je n’ai pas besoin de faire ressortir l’intérêt.

Il est bon d’avertir que le mot de tactique reçoit souvent, dans la langue maritime, une acception particulière. La tactique officielle n’est autre chose que le livre des signaux qui permet au commandant en chef de faire prendre à son armée telle formation qu’il juge convenable et qui édicté les règles à suivre pour exécuter les évolutions des escadres.

La tactique proprement dite, les prescriptions qui visent la conduite des opérations de guerre, ne jouent dans ce document qu’un rôle très effacé. Les rédacteurs de la tactique officielle ont aussi voulu laisser pleine liberté d’allures au commandant en chef et à ses capitaines dans les circonstances si variées de la guerre navale.

Cette prudente réserve était louable en principe : malheureusement il en est résulté que l’étude des évolutions, étude d’une application immédiate dans le service de nos escadres, a pris le pas sur celle des opérations, reléguée par une longue paix maritime à l’arrière-plan des préoccupations de nos officiers.

C’est justement pour réagir contre cet oubli où sont tombées les fécondes études qui visent expressément les méthodes de guerres, oubli que les circonstances pourraient rendre dangereux, que j’entreprends de donner ici le résultat de mes réflexions sur ce sujet.


I

La guerre est déclarée : l’escadre permanente réunie dans le port le plus voisin des frontières maritimes de l’ennemi va constituer le noyau de l’armée navale que nous voulons faire servir à l’exécution de nos desseins.

Il est clair que la composition de cette armée dépend justement de la mission qui lui est réservée, et comme nous ne pouvons étudier ici tous les problèmes dont les circonstances nous imposeront un jour la solution, nous nous restreindrons à l’examen du cas général, qui doit suffire à caractériser notre méthode.