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toutes ces considérations, il est peut-être regrettable que le Crédit foncier ait fait ces opérations. Elles n’ont pas seulement écarté l’établissement de sa fonction stricte de prêteur sur hypothèque ou aux communes ; elles ont eu le tort, plus grand à nos yeux, de jeter, par l’abus du titre à lot, un certain discrédit sur ce genre particulier de valeur. Ce n’est pas impunément, même pour les anciennes obligations à lots, ou pour celles qui ont été émises depuis 1879, que le public voit les bons des loteries cotés 25 francs au-dessous du prix d’émission et les bons algériens 20 francs plus bas encore. Le temps et un classement plus parfait se chargeront de corriger ces erreurs fâcheuses de la cote, et si, comme tout le fait supposer, les prescriptions du ministre des finances, suivies à la lettre, ont pour résultat de diminuer un peu les dividendes au profit des réserves, le crédit des obligations s’élèvera encore, et ces titres se rapprocheront enfin du prix d’où ils ont été trop longtemps éloignés.

Mais avouons que le ministre des finances aurait eu bien mauvaise grâce à faire un crime au Crédit foncier de ses opérations extra-statutaires ! Presque toutes les fois, sinon toutes, que le Crédit foncier est sorti de sa voie propre pour aller à droite ou à gauche faire une besogne pour laquelle ses statuts ne contenaient aucune autorisai ion, soit lorsqu’il consentait il y a quelques années toutes sortes d’avantages et de facilités de remboursement de leurs emprunts à la Rente foncière et à d’autres sociétés immobilières, ou lorsqu’il créait et émettait les fameux bons de tickets à 25 francs pour l’Exposition, on peut sans hésiter remonter à l’origine. On y trouvera toujours, sous la forme d’une lettre pressante, d’une sollicitation fondée sur l’importance du service public à rendre, l’invitation formelle, adressée par le gouvernement au Crédit foncier, de sortir temporairement de ses statuts. Aujourd’hui il l’invite à y rentrer et à s’y tenir. Tout est bien qui finit bien.


AUGUSTE MOIREAU.