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attaché à mettre en lumière les bienfaits de l’initiative privée, à une époque où il est de mode de demander à l’État une intervention la plupart du temps inefficace.


I

On connaît la puissante organisation des municipalités anglaises. Si leur constitution autonome leur assure une existence propre, disons tout de suite qu’au point de vue de la législation sur les associations, une grande ville comme Liverpool, par exemple, n’offre rien de particulier. Les très nombreux syndicats qui fonctionnent dans le Lancashire sont purement et simplement soumis au droit commun. Les différens « acts » ou « bills » qu’ont votés, à des époques diverses, les chambres britanniques sont principalement applicables aux sociétés ayant un but commercial et dont l’unique objet est de réaliser des bénéfices. Quant aux corporations qui n’ont en vue que de défendre une certaine catégorie d’intérêts, de secourir des infortunes, de protéger telle ou telle communauté, elles n’ont besoin, pour exister, d’aucune autorisation. Elles naissent et s’épanouissent au plein air de la liberté. En général, elles subsistent à l’aide de contributions volontaires, et si quelques-unes disparaissent sans laisser de traces, le nombre est bien plus grand de celles qui prospèrent et occupent, dans la vie économique du pays, une place considérable.

Il serait intéressant de connaître à quel chiffre s’élève le nombre des associations de toute espèce qui se sont formées en Angleterre. Le Lancashire en compte, à lui seul, au moins cinq cents, et si c’est un des plus industrieux, c’est assurément l’un des moins grands parmi les comtés du royaume-uni. Il va sans dire que bien des sociétés ont le même but ; on retrouve à Londres, à Liverpool, à Glascow, à Cardiff, à Hull, à Bristol, le même genre de corporations constituées pour la défense des intérêts maritimes ; à Sheffield, à Leeds, à Manchester, à Birmingham, un modèle à peu près uniforme de syndicats ayant pour objet la protection du commerce local ; même observation en ce qui concerne les institutions charitables. Il n’est pas de ville anglaise, si petite qu’elle soit, qui ne possède une société, au moins, fondée pour encourager la tempérance. A cet égard, la grande cité de Liverpool peut fournir à l’étude et à l’observation les types d’associations les plus divers. Nous examinerons l’origine de quelques-unes d’entre elles, leurs moyens d’action et leur efficacité, sans qu’il soit besoin de faire ressortir, — tant les faits parleront d’eux-mêmes, — ce qu’ont