Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/813

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NI DIEU NI MAITRE. 807 MADEMOISELLE JAUZON. Oui... assez comme cela. MEYNARD. Assez... Ce n’est pas suffisant! MADEMOISELLE JAUZON. Oh! ma foi si... Qu’est-ce que vous voulez de plus? MEYNARD. Ce que je veux de plus? Eh! mais, l’entraînement, l’élan spon- tané du cœur, le coup de ioudre, parbleu! MADEMOISELLE JAUZON. Rien que ça?.. Eh bien, je dois vous dire que ce jeune Valmeyr, très avisé, très intelligent d’ailleurs, me fait l’effet d’appartenir à une génération particulièrement réfractaire au coup de Ioudre. MEYNARD. Tant pis, mademoiselle, tant pis!.. MADEMOISELLE JAUZON. Tant mieux, au contraire!.. L’amour est une chose si sotte, une telle duperie... MEYNARD. Qui est-ce qui vous a dit ça, sans indiscrétion? MADEMOISELLE JAUZON. Qui m’a dit cela?.. La vie, le spectacle de l’amour chez les autres. MEYNARD. Ah! mademoiselle, ce n’est pas chez les autres qu’il faut le regarder pour savoir ce qu’il est, c’est en soi-même! MADEMOISELLE JAUZON. Excusez-moi, monsieur... L’occasion m’a manqué, et c’est pour cela, sans doute, que je calomnie ce sentiment si beau. MEYNARD. C’est pour cela, en effet, n’en doutez point... Le mal qu’on dit de lui n’est dit que par des malheureux qui ne l’ont pas connu, ou par des ingrats qui ont oublié ce qu’ils lui doivent... Adrienne est-elle au courant des intentions de son père?