NI DIEU NI MAITRE. 825 SCÈNE HUITIÈME MEYNARD, THÉRÈSE. MEYNARD. Eh bien! ma chère amie, je crois que je n’ai plus qu’à prendre congé de vous, moi aussi, et à rentrer me coucher. THÉRÈSE. Oh ! non, pas encore. Restez un peu avec moi, je vous en prie, mon ami... [Elle porte son mouchoir à ses yeux.) MEYNARD. Eh bien !.. Eh bien!.. Qu’est-ce que c’est? THÉRÈSE. Ne faites pas attention... cela m’arrive de temps en temps, quand je suis seule. Mon pauvre cœur se dégonfle tout à coup, comme en ce moment... mais cela ne dure pas, rassurez-vous... ce n’est qu’une crise... Je me reprends... je me domine... Vous savez bien que je ne suis pas lâche... Et tenez, voyez-vous, c’est fini, mon ami, c’est fini... Je suis sage. MEYNARD. Mais enfin qu’avez-vous? THÉRÈSE. Excusez-moi... Cette journée qui s’achève a été particulièrement lourde pour moi... Je n’en pouvais plus. MEYNARD. Oui... Adrienne, n’est-ce pas? THÉRÈSE. S’il n’y avait qu’elle !.. La malheureuse enfant se croit obligée de me haïr parce que je suis sa belle-mère... C’est dans l’ordre, hé- las!.. Mais cette institutrice ! MEYNARD. Pourquoi ne vous êtes-vous pas débarrassée d’elle?
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