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850 REVUE DES DEUX MONDES. PIERRE, montrant le livre offert par Benoît. Voici un livre qui plaidera éloquemment pour elle auprès de moi, mon cher confrère. BENOIT, à part. C’est bien cela!.. (Haut.) Vous me comblez, vraiment... Je ne m’attendais pas à tant de bienveillance... Si je puis vous être bon à quelque chose, pour ce client dont le cas vous intéresse si vive- ment, usez de moi, n’est-ce pas? Nous ne connaissons, comme vous le disiez très justement tout à l’heure, qu’un modeste coin du champ de la science, nous autres spécialistes, mais nous le con- naissons bien... A votre service, monsieur! (il serre la main à Nogaret, et sort.) SCÈNE SEPTIÈME PIERRE, seul, puis JEAN. PIERRE. La mort ou la paralysie générale! C’est bien cette abominable maladie... Mais je ne vais plus pouvoir travailler, quand elle me tiendra, la gueuse!.. Ma femme... mes enfans... La ruine pour eux... La souffrance et la mort pour moi!.. Et rien à faire, rien... Quelle horreur! (il se laisse tomber dans le fauteuil, près de la table, prend le livre apporté par Renoît, l’ouvre, lit.) Ah! l’affreUX livre!., (il ferme le livre et le jette sur la table.) ToUJOUrS Ce frémissement... (il se lève en chancelant un peu, fait quelques pas dans le salon, puis s’arrête tout à coup en portant la main à sa hanche.) Ah! mon Dieu... Qu’est-ce donc que cela? (r se rapproche de la cheminée, sonne. Jean parait à la porte.) Jean, madame est-elle ren- trée? JEAN. Non, monsieur, pas encore... PIERRE, les deux mains appuyées sur le dossier d’une chaise. Vous direz à madame que je la prie de venir aussitôt qu’elle sera rentrée, que je l’attends ici... Je ne reçois personne, personne, vous entendez... Vous direz qu’il n’y a pas consultation aujour- d’hui, que j’ai dû partir auprès d’un client gravement malade...