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rubans schappe (déchets de soie) et coton, les tissus de soie légers. Leurs principaux marchés en dehors de l’Allemagne sont l’Angleterre et les États-Unis.

Les fabriques suisses ne sont pas moins florissantes. Disséminées dans les campagnes, avec Zurich et Bâle pour principaux centres, -elles ont la main-d’œuvre à bon marché, et leurs matières premières, dépourvues d’impôts, leur permettent de lutter avec succès contre nous pour un grand nombre d’articles légers. De 9,000 métiers, Zurich est monté, dans ces trente dernières années, à 37,000. La production, qui était de 15 millions de francs, a atteint, en 1885, 84 millions. Bâle a suivi avec une progression un peu moins forte ; sa production a cependant monté de 20 millions à 37 millions. On voit par ces chiffres combien ces rivales de Lyon et de Saint-Étienne progressent plus rapidement que nos deux grands centres producteurs. L’Italie, qui a obtenu de si grands succès dans la sériciculture, la filature et le moulinage, a été moins heureuse pour le tissage ; cependant le nombre de ses métiers a triplé depuis vingt ans, et elle produit 40 millions de francs de soieries d’un genre tout à fait spécial, qui commencent à venir à Paris et qui se vendent bien sur les marchés orientaux et dans l’Amérique du Sud. Ses tissages sont concentrés à Côme, à Gênes et à Turin.

Si les fabriques allemandes et suisses sont les principales rivales de la soierie française, celle-ci rencontre également des concurrentes sérieuses en Autriche, en Russie, aux États-Unis. Ces pays n’exportent point, mais ils fournissent peu à peu à leur consommation intérieure aux dépens de nos fabriques, dont les produits sont frappés dans ces pays de droits exorbitans. La soierie et lu rubanerie autrichienne, concentrées en Bohême, en Moravie, à Goritz et à Insprück, font un chiffre d’affaires de 80 millions de francs, dont 15 millions à l’exportation. La fabrique russe, protégée à outrance, a fait des progrès encore plus rapides et, en moins de dix ans, de 1873 à 1883, ses 25,000 métiers de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de Wladimir ont vu monter leur production de 40 millions à 70 millions.

Les États-Unis ont, comme la Russie, une fabrique de soierie toute récente ; cependant, en moins de vingt ans, la grande république américaine est arrivée à produire pour 250 millions de francs de soieries. Cette victoire industrielle lui a été d’autant plus facile à obtenir que les fabricans américains n’ont eu qu’à emprunter à l’Europe un outillage perfectionné et qu’ils ont obtenu comme protection un droit de 50 pour 100 ad valorem sur les soieries étrangères. Ils ont, d’ailleurs, admirablement organisé leur industrie,