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seulement un avocat et un médecin ; ils font partie de la classe dirigeante nécessaire à la démocratie, ils ont une mission, une fonction civique. L’État a le droit et le devoir de leur dire : « Vous serez lettrés, vous ne serez pas de simples manœuvres en chirurgie ou des commerçans en médecine, de simples industriels en droit, de simples agens d’affaires ayant pour devise : Dulces ante omnia… Nummi. » Et de même pour toutes les professions libérales. A plus forte raison pour les fonctionnaires de l’État. Ici le gouvernement est maître chez lui. Au lieu d’ouvrir les portes des administrations à tous les calculateurs qui ont préféré la voie courte, il doit dire : « Vous n’entrerez pas si vous n’avez point reçu l’éducation qui fait la véritable élite de la France. Il ne suffit pas de savoir lire, écrire et bien compter pour être un administrateur : fonction oblige ; vous ne ferez pas partie de la classe gouvernementale sans être animé de l’esprit traditionnel qui a fait de la France ce qu’elle est. » Dans l’éducation qu’il donne, l’État ne doit travailler que pour la nation et pour la race, qu’il représente. Lui demander une instruction qui soit presque exclusivement à notre usage personnel, qui ait en vue d’abord nos propres intérêts immédiats, c’est lui demander de trahir sa mission, c’est lui demander presque un crime de lèse-nationalité et, si on peut dire, de lèse-race. C’est pourtant ce que semblent proposer la