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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 101.djvu/590

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que, sa dépense de bâtisse décomptée, c’est la chambre des domaines qui lui redoit. « Des réponses pareilles nous arrivent de tous les pays. Il faut changer cela. Les fermiers ne s’occuperont plus que de leur exploitation. Ils paieront leur terme, sans déduire un liard, car nous ne voulons pas recevoir, au lieu d’argent, des comptes et du papier. » Le roi ordonne ensuite que chaque chambre des domaines aura un maître architecte qui sera chargé des constructions, et un scribe de la bâtisse qui paiera les ouvriers. Le maître surveillera le scribe, un des conseillers de la chambre surveillera l’un et l’autre ; la chambre entière surveillera tous les trois. Si, malgré ces précautions, ils s’entendent « pour souffler dans le même cor, c’est qu’ils seront un tas de fripons. »

L’établissement des colons coûtait fort cher; le roi, qui « avalait » cette dépense, comme il disait, « cuiller par cuiller, » en sentait l’amertume, mais il en savait la nécessité. Il est donc résolu à la continuer, mais elle a varié jusqu’ici d’année en année, il y a, de ce côté, de l’imprévu, de l’extraordinaire. Le roi n’aime pas ces « dépenses Flic-Flac. » Il fixe donc une certaine somme, qu’il ne dépassera pas d’un liard. Au reste, il n’entend faire que de bons placemens ; les propositions d’ouverture de crédits devront être fortement raisonnées : « Ne point bâtir de fermes ou de villages, si nous ne pouvons tirer 10 pour 100 du capital employé. »

Frédéric-Guillaume met ses paysans en état de travailler : c’est son devoir. Que les sujets, à présent, fassent le leur, en travaillant bien, c’est-à-dire en tirant de la terre tout ce qu’elle peut donner par une culture appropriée, sans dépenser un liard en inutilités. Ils n’ont qu’à prendre exemple « sur notre petite terre de Schenken, que nous exploitons nous-même et où nous avons appris les choses par expérience, non dans les livres. »

Ainsi, la population du royaume s’augmente de jour en jour; l’outillage agricole est perfectionné ; de nouveaux territoires sont mis en culture; les paysans produisent chaque année davantage. Donc ils paieront les fermages et les contributions. Il faut, pour que les citadins paient tout aussi bien l’accise, que l’industrie prospère dans les villes comme l’agriculture dans les campagnes. Ici encore, on comblera les Wüste Stellen, qui sont nombreuses, on améliorera et on créera. « Mes villes de Prusse sont en mauvais état; » le directoire général ne négligera rien pour les réparer. Il n’y a pas assez de villes en Lithuanie ; le directoire général en fera bâtir. Il mènera la chose « avec sérieux et vigueur (mit Ernst und Vigueur), de façon que notre désir soit satisfait le plus vite possible. » Le directoire sait d’ailleurs « de quelle grande importance est, pour nous et pour nos pays, l’établissement des manufactures. Il