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LA
FRANCE EN TUNISIE

I.
LA RÉGENCE AVANT LE PROTECTORAT.

Après le mouvement magnifique dont Paris a été le théâtre en 1889, il est plus qu’utile de constater combien notre influence s’est développée en dehors des frontières, loin des limites qui nous furent brutalement imposées par les désastres de l’année terrible.

A la suite d’humiliations sans nombre suivies d’une mutilation imméritée de la patrie, rien ne pouvait être plus fortifiant et mieux relever les cœurs, que le mirage qui nous a fait entrevoir sous les ormes de l’Esplanade des Invalides une nouvelle France dans une France coloniale. Malgré de grandes lacunes, un étalage d’objets baroques, l’exposition de nos possessions d’outre-mer n’en a pas moins impressionné ceux qui ont su la fixer dans leur mémoire et y voir autre chose qu’un spectacle forain. Beaucoup de visiteurs l’ont saluée avec transport, cette France nouvelle, car elle infligeait un démenti aux esprits chagrins qui se figurent qu’un peuple peut être vraiment grand sans qu’il lui soit nécessaire d’étendre, au-delà d’un horizon restreint, son génie, sa civilisation, et jusqu’à ces bienfaisantes découvertes qui vont aujourd’hui sous toutes les latitudes, sans distinction de race et de couleur, alléger les souffrances de l’humanité dolente.

Ce n’est pourtant pas de l’Exposition universelle de 1889 qu’il s’agit ici : on l’a visitée et parcourue en tous les sens et pendant