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LE PYRRHONISME, LE DOGMATISME
ET
LA FOI DANS PASCAL

Après tant d’importantes recherches d’auteurs considérables sur les intimes sentimens de Pascal, n’est-il pas bien téméraire, tout au moins bien superflu, d’agiter encore ce problème psychologique? Assurément si ces belles études avaient clos le débat, nous aurions été trop heureux d’en accepter les conclusions. Mais elles sont loin d’avoir abouti à des résultats concordans. En somme, après en avoir pris connaissance, nous ne savions qui croire ni à quoi nous en tenir; et nous éprouvons pour le caractère et l’œuvre du grand penseur une admiration si profonde que nous n’avons pas su nous résigner à une indécision passive. Il ne pouvait nous suffire d’assister à la discussion des documens restaurés et complétés qui témoignent aujourd’hui de sa pensée. Nous étions irrésistiblement tenté d’y chercher pour notre propre compte, avec l’audace d’une curiosité passionnée, quelque manifestation décisive de son véritable état intellectuel au point de vue de la certitude et de la croyance, la révélation de son essence morale, dont l’unité se dissimule sous le désordre de ces témoignages fragmentaires. Notre curiosité principale n’était pas celle des historiens ou des critiques qui se sont donné pour tâche de recueillir et de fixer avec exactitude tout ce qu’on peut savoir de sa vie, et se satisfont en rétablissant le texte authentique de ses écrits, plusieurs fois altéré, et en l’élucidant