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des reports, principalement sur les fonds d’état internationaux et sur les valeurs d’arbitrage. Au point de vue de nos affaires intérieures, le marché n’a pu que se montrer satisfait de l’accord établi entre le gouvernement et la commission du budget sur les moyens de combler les dernières insuffisances que présentait le projet de loi de finances pour 1891. La chambre des députés n’a pas perdu son temps cette fois en discussions stériles sur des questions de politique et d’intérêts de parti. Elle a commencé la discussion du budget, et ne paraît point devoir la prolonger outre mesure. La question de l’emprunt sera prochainement abordée, l’opération pourra avoir lieu en janvier ou février. L’emprunt sera libérable en versemens espacés jusqu’en 1892. Il ne pèsera donc pas sensiblement sur le marché de notre 3 pour 100.

Ce fonds, après avoir baissé dans la première partie du mois de 94.75, dernier cours de compensation, à 93,50, ne s’est relevé encore que partiellement à 94.50 et a reperdu au dernier moment la moitié de cette avance. Les prix ont été cependant soutenus par les achats effectués chaque jour pour la Caisse des dépôts et consignations.

Les fonds internationaux ont eu quelque peine à se maintenir aux cours où la réaction de la première quinzaine d’octobre les avait déjà ramenés. Quelques-uns même ont encore reculé. L’Italien, longtemps soutenu au-dessus de 94 francs, a fini par rétrograder à 93.80 sur l’échec de toutes les tentatives faites en vue de placer à l’étranger les nouvelles obligations 4 pour 100 des chemins de fer, et sur la résolution prise par le gouvernement italien de substituer ces titres à la rente 5 pour 100 dans le portefeuille des caisses d’épargne. La rente 5 pour 100, devenue ainsi disponible, serait négociée à Paris, à Londres et à Berlin, perspective qui a été immédiatement saluée par 30 centimes de baisse.

Le 3 pour 100 portugais, abaissé brusquement de 61 à 57, même à 56, ne s’est relevé encore qu’à 58. Les vendeurs ont allégué le conflit anglo-portugais et surtout les embarras financiers du royaume, un emprunt étant indispensable pour le paiement du prochain coupon de la rente. Le conflit paraît entrer dans une voie d’apaisement. D’autre part, le nouveau cabinet de Lisbonne a réussi à obtenir une avance de 75 millions de francs pour six mois, d’un groupe financier international où figurent le Comptoir national d’escompte de Paris et la maison Mendelssohn de Berlin.

L’Extérieure d’Espagne a été maintenue à 75 1/2 par les résultats satisfaisans de l’émission de 340,000 billets hypothécaires de Cuba. La Banque d’Espagne ayant en outre obtenu du groupe de la Banque de Paris et des Pays-Bas une avance éventuelle de 100 millions de francs, le Trésor espagnol est délivré de soucis immédiats et peut préparer avec quelque loisir la grande opération d’emprunt qui ne saurait plus