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établissement d’enseignement secondaire, quoiqu’il diffère peu de nos collèges de France, n’en est pas moins intéressant à connaître, car son organisation est due entièrement au cardinal.

J’ai dit qu’il fut construit là où s’élevait Carthage, sur la colline où se trouvait Byrsa, la célèbre forteresse des Carthaginois. En 1883, le collège fut transporté à Tunis dans des bâtimens neufs, propriété de son éminence. L’enseignement s’y faisant sans distinction de nationalité ni de culte, les enfans affluèrent. Voyant cela, les Pères missionnaires appelèrent à leur aide des frères de Marie. En 1886, à la suite d’une convention passée entre M. Lavigerie et les gouvernemens français et tunisien, des professeurs universitaires entrèrent en cette qualité au collège Saint-Charles.

L’éducation et l’enseignement sont absolument séparés. La première est sous la direction des missionnaires d’Alger, placés eux-mêmes sous les ordres d’un supérieur désigné par le cardinal, mais avec approbation du ministre de l’instruction publique de France. Les missionnaires ont aussi la haute surveillance de l’établissement.

L’enseignement appartient à des professeurs de l’université ayant leur grade d’agrégé ou de licencié, le gouvernement français les nomme selon le choix fait par le conseil d’administration du collège. Les classes tout à fait élémentaires, celles qui exercent si merveilleusement la patience des instituteurs, sont confiées aux soins des frères de Marie, qui ont dû prendre cette carrière pour gagner plus sûrement le ciel. Les cours spéciaux comprennent deux professeurs d’arabe, un professeur d’anglais, deux professeurs de musique, un professeur de dessin et un professeur de gymnastique. Il est d’autres enseignemens appelés complémentaires qui sont ceux de comptabilité commerciale et de musique instrumentale. En résumé, le collège Saint-Charles, en ce qui concerne l’instruction, ne diffère nullement de l’instruction donnée dans les lycées et les collèges de la métropole. Ce qui le distingue, c’est l’enseignement de l’arabe, obligatoire pour tous les élèves et pendant toute la durée de leur cours au collège. L’italien, facultatif dans les classes de l’enseignement secondaire classique, est de rigueur dans les classes de septième, huitième, et dans l’enseignement spécial. Inutile sans doute d’ajouter que l’enseignement religieux n’est donné qu’aux élèves catholiques. Les enfans qui appartiennent aux autres cultes sont autorisés à quitter le lycée les jours fériés de leurs sectes. Il y a trois de ces jours par semaine à Tunis : le vendredi des mahométans, le samedi des juifs, et le dimanche des chrétiens. Le dimanche, le collège français étant fermé, les élèves musulmans et juifs jouissent