mon étourderie, mon esprit qui ne songeait pas à mal, mon cœur rempli d’amour et de pitié, la vaine illusion de ma jeunesse qui ne cachait pas de mauvais desseins, demandent en toute humilité grâce, miséricorde, compassion, pitié, clémence. » — Il se recommandait de Dieu, roi et maître des maîtres, qui fait passer la miséricorde avant le droit et ramène par sa bonté l’égaré dans le droit chemin. Il citait les exemples d’illustres repentis : — « Saül, disait-il, n’a pas tant désobéi, David n’a pas eu tant soif du mal qu’ils ont eu ensuite de sincérité dans leur conversion. »
La lettre est touchante, même dans son style maniéré : « On épargne un arbre desséché quand il reste l’espoir de le voir reprendre. Pourquoi mon arbre, qui montre déjà de nouveaux bourgeons de nouvelle soumission et fidélité, ne trouverait-il pas grâce devant Votre Majesté ? Pourquoi doit-il tomber encore dans sa fleur ? »
En transmettant au roi cet appel désespéré, Alvensleben y joignit ses supplications. Il espérait que son très gracieux seigneur « écouterait les prières et les larmes d’un très vieil homme. » Toutes les peines, il les acceptait pour son petit-fils. Il demandait seulement « la vie de l’infortuné pour qu’il pût bien connaître sa faute, s’en repentir au fond du cœur et ainsi sauver son âme. » — « Le Dieu tout-puissant rendra avec abondance, disait-il, à Votre Royale Majesté ce qu’elle aura, dans sa grâce très haute, accordé à un vieillard consterné. « Il rappelait le sacrifice de sa vie si souvent offert à l’empire, la fidélité avec laquelle il avait servi sa royale majesté et les périls que le père de l’infortuné avait courus si souvent au service de ladite majesté et de sa maison royale : — « Je garde en toute soumission la confiance que Votre Royale Majesté, puisque cette poignée de sang ne peut plus la servir, daignera nous la rendre sur notre prière et nos larmes, et ne voudra pas que je porte ma tête grise dans la tombe avec un pareil chagrin. »
Le roi répondit qu’il était peiné dans son cœur du malheur qui frappait le lieutenant Katte, puisque celui-ci tenait de si près au feld-maréchal. Mais il rappelait les considérans de la condamnation prononcée par lui : — « Je ne suis pas en état de pardonner, » concluait-il. — Il défendait toute intercession nouvelle : — « De cette affaire personne ne peut se mêler, si je ne lui en ai donné l’ordre. » — Toute la grâce qu’il pouvait faire, il l’avait faite déjà : — « Cet homme aurait bien mérité d’être déchiré par les tenailles rougies. Cependant, en considération de M. le général feld-maréchal et de M. le lieutenant-général Katte, j’ai adouci la peine en ordonnant que, pour l’exemple et l’avertissement des autres, il ait la tête coupée. Je suis votre bien affectionné roi. »
Le 3 novembre, Frédéric-Guillaume informait le général Lepell