même temps de « faire bientôt briller un regard de sa grâce royale, » car il craignait que le prince, « par la crainte et attente des choses qui lui pourraient advenir, et par l’effet d’une tristesse persistante et croissante, ne tombât dans une dangereuse maladie d’esprit. » Le quatrième jour, il reçut et lut avec joie la réponse.
Le roi lui commandait de rester encore à Cüstrin, et d’adjurer le prince de rentrer en lui-même, et de confesser tous les péchés qu’il avait commis envers Dieu, envers le roi, envers lui-même et son honneur, car « emprunter de l’argent quand on sait qu’on ne pourra pas le payer, et vouloir déserter, cela ne vient pas d’un honnête homme, mais des enfers, des enfans du diable, ainsi point des enfans de Dieu. »
« Vous m’avez, sur votre conscience et devant Dieu, ajoutait-il, assuré que le prince, à Cüstrin, s’est converti à Dieu, que mille et mille fois il demande pardon à son roi, seigneur et père, de tout ce qu’il a fait, et qu’il a souffrance de cœur de ne s’être pas soumis de bon gré à la volonté de son père. Si donc vous trouvez le prince disposé à promettre cela fermement devant Dieu ; s’il est vrai que son cœur souffre de ses péchés ; si c’est sa vraie intention de s’améliorer sûrement et de la façon que je viens de dire, vous pourrez lui signifier en mon nom qu’à la vérité je ne puis encore lui pardonner tout à fait, mais que cependant, par une grâce qu’il ne mérite pas, je lèverai son arrêt, et je lui donnerai de nouveau des gens qui veilleront sur sa conduite.
« C’est toute la ville qui sera sa prison. Il n’en pourra pas sortir. Je lui donnerai, du matin jusqu’au soir, des occupations auprès de la chambre de guerre et des domaines, et du gouvernement. Il travaillera dans les choses économiques, recevra les comptes, lira les actes et fera des extraits. Mais, avant que cela n’arrive, je lui ferai faire le serment d’agir en toute obéissance, conformément à ma volonté et de faire en toute chose ce qui convient et appartient à un fidèle serviteur, sujet et fils. Mais s’il revire et se cabre de nouveau, il perdra la succession à la couronne et à l’électorat, et même, selon les circonstances, la vie… Je vous avertis de représenter au prince en mon nom que je le connaissais bien. Croit-il que je ne le connaissais pas ? Il devrait être convaincu que je connaissais bien son méchant cœur.
« Si ce cœur n’est pas plié et changé, s’il demeure dans l’ancien état, s’il a l’intention d’abjurer ce serment, il se contentera de le murmurer, il ne l’exprimera pas d’une voix haute. Dites-lui donc en mon nom que je lui conseille, comme fidèle ami, de jurer haut et clair, et de se croire obligé à tenir son serment textuellement. Ici, nous n’entendons rien aux réserves mentales. Nous ne comprenons que ce qui est écrit. S’il veut violer et briser ce serment,