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UN
JARDIN BOTANIQUE TROPICAL

Naguère, dans un discours solennel, le recteur d’une des plus grandes universités de l’Europe a mis en cause les jardins botaniques. L’orateur, célèbre phytophysiologiste, reproche à ces jardins de ne plus être au niveau de la science botanique d’aujourd’hui. Collections de plantes officinales au moyen âge et jusque vers le milieu du XVIe siècle, les jardins botaniques devinrent depuis cette époque de véritables institutions scientifiques. Abandonnant la spéculation pure, l’intérêt se reporta sur les êtres vivans eux-mêmes et avant tout sur les végétaux. Mécènes et savans réunirent leurs efforts pour faire venir des contrées les plus lointaines des plantes rares ou inconnues. On assigna aux jardins, dépositaires de ces richesses, la lourde tâche de présenter une réduction du monde végétal tout entier, et de réunir, dans la mesure du possible, des spécimens de toutes les plantes vasculaires existantes. Malgré le nombre toujours croissant des plantes introduites en Europe, cette manière de voir a persisté longtemps, et ce n’est qu’au commencement de ce siècle que l’on s’est vu contraint de changer de méthode. D’abord, on dut reconnaître l’impossibilité de donner dans un jardin, quelque grand et bien aménagé qu’il fût, un aperçu