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savante qu’habile du docteur G. King, aux soins duquel l’herbier de Calcutta doit sa grande réputation. Le jardin royal de Peradeniya, dans l’île de Ceylan, date de 1821. Situé, près de Kandy, à une altitude de presque 500 mètres, jouissant d’un climat chaud et humide, occupant une superficie de plus de 60 hectares et relié, comme il l’est, au port de Colombo par un chemin de fer, le jardin de Peradeniya se trouve sous tous les rapports dans les conditions les plus favorables. Pendant de bien longues années il a été dirigé par le docteur Thwaites, homme d’un réel mérite, mais d’après lequel un jardin botanique dans un pays tropical devait être, en quelque sorte, une copie réduite de la forêt vierge. Ce système, plus original que méritoire, excluait tout arrangement méthodique des plantes et restreignait forcément le nombre des étiquettes. Dès son arrivée à Ceylan, il y a neuf ans, le successeur du docteur Thwaites, le docteur H. Trimen, a immédiatement compris les inconvéniens de la manière de voir de son prédécesseur. Distribuer sur un terrain d’une soixantaine d’hectares, sans ordre quelconque, un grand nombre de plantes pour la plupart non étiquetées, c’est entraver fatalement, et à un degré très sensible, l’emploi scientifique des riches collections qu’on a su réunir. Aussi, M. Trimen n’a pas tardé à inaugurer un nouvel arrangement des plantes, d’après le système naturel, et à faire poser autant que possible des étiquettes. Avec ses succursales tant dans la plaine que sur la montagne, le jardin de Peradeniya est appelé à un brillant avenir. Le troisième des jardins mentionnés, celui de Buitenzorg dans l’île de Java, a été fondé en 1817. Nous allons retracer brièvement son histoire et démontrer, par l’étude de son organisation actuelle, comment une ère nouvelle commence pour les grands jardins botaniques tropicaux, dont le rôle est destiné à grandir incessamment dans l’évolution future de la science des végétaux.


I

Le 29 octobre 1815, une escadre, quittant la rade du Texel, au nord de la Hollande, mettait à la voile pour les Indes. Les passagers, car il y en avait sur ces navires de guerre, durent se réjouir doublement de quitter la brume et les froides rafales de la mer du Nord, pour les parages ensoleillés de la Malaisie. L’escadre, en effet, amenait vers Java les commissaires-généraux auxquels le souverain de la Hollande avait confié la tâche de reprendre en son nom le gouvernement des Indes néerlandaises. Guidé par des vues larges, le nouveau roi avait adjoint aux commissaires un naturaliste