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REVUE LITTERAIRE

A PROPOS DU MARCHAND DE VENISE

Shylock, comédie en 3 actes et 7 tableaux, en vers, d’après Shakspeare, par M. Edmond Haraucourt, musique de M. Gabriel Fauré.

Après cent cinquante ans d’hésitation ou de résistance, — et aussi d’un peu de mauvaise volonté, — sommes-nous enfin à la veille de comprendre Shakspeare ; et ce que n’avaient pu, depuis deux siècles bientôt, ni traducteurs, ni adaptateurs, ni commentateurs, ni acteurs, la persistance et l’heureuse obstination d’un seul homme seraient-ils sur le point de le faire ? On entend bien que je parle ici du directeur de l’Odéon. Non content, en effet, de nous avoir rendu Macbeth ou Othello, c’est ce qu’il y a dans Shakspeare, sinon de plus anglais, mais assurément de plus shakspearien, qu’il s’est donné la tâche, quelque peu hasardeuse, de nous faire goûter ; c’est le Soir des rois, c’est le Songe d’une nuit d’été, c’est Beaucoup de bruit pour rien, c’est le Marchand de Venise ; et bien loin de composer, comme ses prédécesseurs, avec les habitudes ou les préjugés du public, c’est ce qu’il y a de plus contraire peut-être aux traditions de notre répertoire qu’il nous a fait applaudir sur la scène du « second Théâtre-Français. » Le Soir des rois, élégamment traduit ou adapté par M. Auguste Dorchain, sous le titre