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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/435

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eu lieu à une époque géologique très ancienne, notamment pendant la période paléozoïque, et par conséquent bien antérieurement au Sahara, qui n’apparut qu’à l’époque tertiaire.

Ainsi les immenses surfaces granitiques, gneissiques et carbonifères du Gobi, de la Chine et de la Mandchourie se déployaient déjà comme terre ferme et représentaient une île gigantesque au milieu de l’Océan qui recouvrait encore la plus grande partie de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique.

De même que dans le Sahara, la surface émergée du Gobi fut semée de nombreux bassins lacustres et fluviatiles, ainsi que l’indiquent les restes de fossiles qu’ils ont laissés. L’étude de la flore de l’Asie centrale a porté M. Regel, le savant directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, à admettre que les steppes salines et les dunes sablonneuses des régions basses de l’Asie centrale indiquent que, même au commencement de l’époque actuelle, par conséquent pendant la période diluvienne, l’Asie centrale présentait l’aspect d’un immense lac d’eau douce, au sein duquel les montagnes surgissaient comme autant d’îles ; cela dura jusqu’à l’époque où les eaux se frayèrent un passage à travers les montagnes et furent conduites à la mer par le fleuve Obi et peut-être l’Amour, laissant ainsi à sec d’énormes steppes sablonneuses imprégnées de sel, qui, aujourd’hui, contiennent une flore uniforme composée d’halophytes et d’espèces paludéennes, flore qui probablement a empêché l’immigration d’autres plantes. On peut citer, comme un exemple frappant de ce fait, l’absence complète dans l’Asie centrale d’un rhododendron ou d’un lis quelconque, tandis qu’ils sont représentés sur le Caucase, sur l’Altaï, dans les régions balkaniennes et dahuriennes, et particulièrement dans le système orographique de l’Himalaya.

Mais si le Gobi a sur le Sahara l’avantage d’une plus grande ancienneté géologique, il ne possède point, comme le désert africain, les chances d’un avenir favorable. En effet, nous avons vu que le Sahara pourra un jour être traversé par de nombreux chemins de fer qui joueront un rôle décisif dans la civilisation du continent africain.

Or le Gobi n’offre rien de semblable. Les immenses surfaces plus ou moins désolées entre la Sibérie, la Chine et le Tibet ne présentent guère de chances de communications de cette nature, et il est probable qu’on ne parviendra point à ajouter de nouvelles voies à celle qui rallie Kiakhta, en Sibérie, à Pékin, capitale de la Chine. Cette voie est parcourue soit par des chevaux de poste attelés à des véhicules assez primitifs, soit par des chameaux. La communication postale fut établie par les traités de