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UN
HOMME D’ÉTAT AMÉRICAIN

JAMES G. BLAINE ET LE CONGRÈS DES TROIS AMÉRIQUES

Peu connu, il y a un an à peine, en Europe, où son nom n’éveillait que le souvenir confus d’un politique habile autant que remuant, déjà célèbre aux États-Unis, où le parti républicain dépossédé, en 1884, du pouvoir qu’il détenait depuis vingt-quatre années l’estimait seul capable de relever sa fortune et de tenir tête à Cleveland, M. James G. Blaine, secrétaire d’état de la répupublique américaine, est aujourd’hui l’homme le plus en vue du Nouveau-Monde. Il est aussi l’un de ceux dont les conceptions audacieuses, à bon droit, inquiètent l’Europe. Le Bismarck américain, — ainsi l’appellent ses partisans, — reparaît sur la scène politique, et, du premier coup, ses hautes visées révèlent un homme d’état qui aspire, lui aussi, à faire grand.

Rien ne le faisait prévoir. Son court passage aux affaires avait laissé l’impression d’une personnalité autoritaire et absolue, hantée d’un rêve chimérique et vague. Son passé polhique, son political record, selon la phraséologie américaine, était celui de nombre d’autres moins favorisés de la fortune. Sur un point, toutefois, on le tenait pour supérieur. Nul ne l’égalait comme tacticien parlementaire et comme chef de parti ; nul mieux que lui n’excellait dans