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grande spéculation internationale ont obéi à des tendances diverses ; aucun, courant général ne s’est établi. L’Extérieure d’Espagne a faibli à 71 francs sur les tristes nouvelles qui ont été expédiées de Madrid pendant quelques jours touchant l’état de santé du jeune roi Alphonse XIII et qui ont heureusement fait place à des informations plus rassurantes. Il semble bien que les cours actuels de la rente espagnole tiennent suffisamment compte des élémens les plus fâcheux de la situation, même au point de vue purement financier.

L’acuité du conflit anglo-portugais a tenu à des cours en baisse la rente 3 pour 100 du Portugal. On croyait encore, il y a deux jours, à une solution amiable du différend par voie de concession réciproque, ménageant à la fois les intérêts et la dignité des deux pays. Cette espérance a été déçue. Le gouvernement de Lisbonne a dû céder devant le cas de force majeure d’un ultimatum brutal envoyé par le cabinet britannique. Le danger de la guerre est donc écarté, et la rente portugaise remontera sur ce dénoûment, si douloureux qu’il puisse paraître au point de vue national.

Les fonds brésiliens sont en forte reprise sur le marché de Londres où la spéculation à la baisse avait commis l’imprudence de s’engager à fond. Bien que l’on ne puisse dire que les nouvelles les plus récentes de Rio-de-Janeiro soient de nature à rassurer l’opinion sur les faits et gestes du gouvernement provisoire, le titre a fait défaut sur la place, et le découvert a dû procéder à des rachats. Le 4 1/2 s’est relevé de 83 à 86, le 4 pour 100 de 76 à 77.50.

L’Italien a faibli d’abord, puis s’est raffermi. Le coupon semestriel a été détaché sur le cours de 95.75, auquel répond à peu près exactement le prix actuel. Les projets du gouvernement pour le rétablissement de l’équilibre sont toujours aussi incertains. Le ministre des finances semble compter sur le temps, sur quelques économies et sur l’amélioration naturelle et graduelle des revenus. Il n’est plus question de nouveaux impôts. M. Magliani trouve ce programme tout à fait insuffisant. Pris à partie dans l’exposé financier fait naguère par M. Giolitti, il a riposté par un article dans lequel il malmène fortement les agissemens financiers et économiques de ses successeurs.

Le Hongrois vaut 87, ex-coupon, et a même déjà dépassé ce cours. La situation est et reste florissante. De l’ère du déficit on est entré dans celle de l’équilibre.

Pour les fonds russes, c’est mieux encore. Les résultats budgétaires attestent une gestion financière habile et correcte mise au service d’une politique nettement pacifique, et justifient le relèvement progressif du crédit de la Russie. Les recettes du Trésor pour les dix premiers mois de 1889 présentent une plus-value de 44 millions de roubles. Dans les prévisions pour 1890 les recettes ordinaires sont évaluées à 888,898,000 roubles, les dépenses ordinaires à 887, 457,000. Comme