Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/549

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
FEMME DE BIEN

Comme la mythologie, la charité a son olympe ; les demi-dieux de la compassion y ont leur place. Depuis le 2 septembre 1431, date du testament par lequel Isabeau de Bavière lègue une somme de 8 sols parisis aux « pauvres enfans trouvés de Notre-Dame, » jusqu’à nos jours, ils sont nombreux, les bienfaiteurs qui pendant leur vie ou à la minute suprême ont pensé aux vaincus de l’existence et ont laissé de quoi en atténuer les misères. En dehors des sociétés de secours que chaque corps de métier semble s’ingénier à créer dans un dessein circonscrit, des dons considérables ont été faits et ont permis d’ouvrir des asiles où ceux qui ont travaillé sans fruit, avec imprévoyance, avec mauvais vent de fortune, trouvent du moins le repos et l’abri jusqu’à la dernière heure. Des personnalités considérables à plus d’un titre, mues peut-être par le souvenir de M. de Montyon, ont voulu assurer à leur nom une gloire peu fragile, dompter l’action du temps et subsister, par l’ampleur du bien fait, dans la mémoire des hommes. L’amour de soi-même, le désir de se survivre, ont pu être pour quelque chose dans leur générosité : qu’importe, si les malheureux y trouvent leur compte et si l’infortune y rencontre le secours qui l’empêche de devenir insupportable ? Quelques donateurs ont poussé la grandeur de l’offrande jusqu’à la magnificence. Ont-ils, par le luxe de leurs fondations