une instruction solide et étendue, de véritables lumières. Il n’est pas non plus sans quelque intérêt social et politique de retenir dans nos provinces une foule de jeunes gens dont les talens, mûris dans les grandes écoles de leur pays, peuvent tourner à son profit et concourir à former ou à fortifier cette vie provinciale, jadis si animée, aujourd’hui si languissante, et dont le retour serait un bien-lait sans aucun danger dans la puissante unité de la France. » (Victor Cousin, Exposé des motifs du projet de loi portant création d’une Faculté de médecine à Rennes.)
S’il faut des ancêtres, en voilà.
Et ce ne sont pas les seuls. — Lorsque le second Empire, près de finir, se montra disposé à concéder la liberté de l’enseignement supérieur, on s’aperçut que les Facultés faisaient eau par plus d’un endroit et l’on sentit qu’on ne pouvait vraiment pas les livrer à la concurrence en cet état de délabrement. On sait qu’une commission, présidée par Guizot, avait été chargée de préparer un projet de loi. Elle conclut à la liberté de l’enseignement supérieur. Mais à cette liberté, elle mit comme condition la réforme préalable des Facultés de l’État. Or, que proposa-t-elle ? Justement ce qu’avaient déjà voulu Guizot, Victor Cousin, Dubois (de la Loire-Inférieure), et Duvergier de Hauranne, ce dont nous poursuivons aujourd’hui la réalisation, à savoir : « l’organisation dans quelques-unes des principales villes de l’Etat, et avec leur concours : d’un enseignement supérieur complet, réunissant toutes les Facultés avec leurs dépendances nécessaires. » Traduisez la périphrase. C’est bien des Universités qu’il s’agit.
Ainsi tout le long du siècle, alors que les faits multiplient et dispersent les Facultés empiriquement, sans raison, sans mesure, sans relation à une conception d’ensemble, en face d’eux l’idée subsiste, et périodiquement elle reparaît pour indiquer la route, comme les feux de ces phares qui brillent et s’éclipsent tout à tour dans l’obscurité des nuits. Elle est aujourd’hui dans sa période de plus grand éclat. Cette fois on s’est laissé guider par elle. Encore un peu, et bientôt on sera dans le port.
On dira sans doute aussi : c’est rompre l’unité de l’Université de France, de ce corps public fait à l’image de la nation, un et indivisible, et fait ainsi pour maintenir par une éducation commune, inspirée du même esprit, l’unité nationale. — Je n’affaiblis pas l’objection. Mais immédiatement cette remarque vient à l’esprit, que, si l’Université de France était vraiment indispensable à l’unité de la patrie, il y a longtemps déjà que la patrie serait en péril de morcellement. Voilà longtemps en effet, au juste quarante ans sonnés d’hier, que l’Université de France, qui fut tour à tour