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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/555

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L’INSTITUTRICE

DERNIERE PARTIE (1).

XVI.

Huit jours après les accordailles, les deux familles partaient pour Paris. M"® Chenu de La Rogerie, rentrée à Tlieure dite, était naturellement du voyage; Par les soins d’Antoine, un appartement complet avait été retenu au Grand-Hôtel, et, dès l’arrivée, une voiture iut mise au service de la famille. Il faisait bien les choses, et Marguerite, à son insu, s’en montrait touchée. Le luxe l’enivrait et lui ôtait tout jugement. Antoine était-il assez observateur pour l’avoir prévu? Non, sans doute. A défaut des avantages que lui avait refusés la nature, il se servait de ceux que lui donnait l’argent. Il n’était aucunement sentimental : les liens de famille, la tendresse, l’intimité douce étaient lettre morte pour lui. Il entrevoyait le mariage sous un aspect plus pratique et moins moral; sa fiancée ne devait être qu’une maîtresse légitime, aussi ne cherchait-il en elle d’autres qualités que celles appréciées chez toutes les femmes qu’il avait eues. Il la voulait jeune, belle, flatteuse et soumise; il fallait, avant tout, qu’elle satisfit son amour-propre et se servît bien de tous les avantages de fortune qu’un homme seul est impuissant à montrer. Marguerite, sous tous ces rapports, était l’idéal ; (1) Voyez la Revue du 15 décembre 1890, du 1" et du 15 janvier 1891.