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son encaisse métallique et sa réserve pour abaisser le taux de son escompte jusqu’à 3 pour 100. Les autres banques du continent suivent peu à peu l’exemple, et le prix du loyer des capitaux tend partout à diminuer. A New-York, le parti républicain au pouvoir continue à étonner le monde par ses expériences en économie politique. L’année dernière, avec le silver bill et les Mac-Kinley bills, il a provoqué une violente crise financière et commerciale qui a duré plusieurs mois et a été, avec le krach argentin, une des causes directes de la crise de Londres, de la chute de la maison Baring et du désarroi qui s’en est suivi. Aujourd’hui, le sénat américain ne se peut plus contenter du silver bill voté, il y a six mois à peine, et qui ordonnait l’achat par le trésor de 4,500,000 onces d’argent fin par mois, c’est-à-dire, pratiquement, de la totalité de la production des mines américaines. Il s’est décidé à donner satisfaction aux inflationnistes de l’Ouest, à « l’Alliance des fermiers, » en votant la frappe libre et illimitée de l’argent. Si ce système est adopté également par la chambre des représentans et sanctionné par le président, il faut compter sur une hausse momentanée du métal argent, bientôt suivie d’une nouvelle dépréciation probablement rapide, d’où naîtront des perturbations graves de toute sorte pour le commerce et l’industrie.

En Allemagne, le marché des valeurs internationales, très éprouvé par des pertes répétées, et notamment par la baisse des valeurs argentines, se remet peu à peu, grâce au régime de sobriété et de calme qui contraste fort avec la période de spéculation effrénée des dernières années. En Autriche-Hongrie, les affaires sont également réduites au minimum, au grand avantage des valeurs à revenu fixe, comme la rente hongroise or k pour 100, qui est maintenant presque à 93. A Rome, le gouvernement lutte contre d’inextricables difficultés financières. Dans son exposé financier, présenté le 28 à la chambre, M. Grimaldi a dû avouer la diminution des forces productrices de l’Italie et reconnaître que des déficits considérables allaient s’accumulant d’année en année. Pour parer aux insuffisances, le ministère italien n’a su prendre aucune mesure énergique. La triple alliance interdit toute réduction sérieuse des dépenses de guerre et de marine. On ne peut donc faire fonds que sur quelques maigres économies et sur divers relèvemens de taxes dont l’annonce a été très froidement accueillie par les auditeurs du ministre. La rente italienne se tient bien, cependant, à 92.60 environ ; mais il est trop visible que cette bonne tenue est le résultat des efforts incessans de la banque allemande, qui porte la charge des rentes du fonds des pensions.

L’Extérieure se négocie au-dessus de 76. Le gouvernement de Madrid attend le complet rétablissement de la reine régente et la fin des rigueurs de l’hiver pour reprendre la grande opération de conversion des emprunts de Cuba. Le Portugais reste assez faible à 56, à cause de