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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/823

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dans un couvent ; accusées de conspirer contre le tyran, elles furent torturées et mises à mort.

Héraclius, qui vengea sur Phocas le meurtre de Maurice et de tous les siens, subit l’influence de sa mère Épiphania. Il eut successivement deux femmes ; l’une, Eudokia, qui mourut en lui laissant une fille et un fils, appelé Constantin le Jeune ; l’autre, Martina, qui était sa cousine germaine par sa mère, et qui joua un grand rôle. Elle fut une marâtre pour les enfans du premier lit, fit couronner, du vivant de son mari, son fils Héracléonas. Celui-ci était difforme, comme ses frères, étant tous nés d’un mariage incestueux suivant les lois de l’église grecque. Martina fut cependant obligée d’exécuter le testament de son mari, qui léguait l’empire conjointement à Constantin le Jeune et Héracléonas. Le premier ne tarda pas à mourir, et, sous le nom du second, elle prétendit exercer directement le pouvoir. Les sénateurs s’indignaient d’obéir à une femme qu’ils auraient voulu voir se renfermer dans le gynécée. Le généralissime des armées d’Asie accusa Martina d’avoir empoisonné son beau-fils, et, au nom des enfans de celui-ci, fit un pronunciamiento. Martina et Héracléonas furent déposés, traduits devant le sénat, qui les jugea coupables. L’une eut la langue coupée, l’autre les yeux crevés.

Après l’extinction de la famille d’Héraclius, avènement de la dynastie isaurienne avec Léon III. Le second empereur de cette dynastie, Constantin Copronyme, épousa la fille du khagan des Khazars, baptisée sous le nom d’Irène. Le troisième, Léon IV, n’étant que prince impérial, épousa une Athénienne également nommée Irène. On ne sait rien sur la famille de celle-ci ; mais elle allait être un des plus grands souverains de Byzance. Du vivant de son mari, elle avait déjà sa politique à elle. Léon IV avait adopté les principes des iconoclastes ; mais dans le gynécée impérial les images proscrites et leurs défenseurs étaient recueillis et honorés. Un jour, l’empereur trouva chez sa femme des tableaux de sainteté ; il la disgracia et fit mettre à la torture les officiers du palais qu’il accusait de complicité dans cette dévotion séditieuse. Restée veuve en 780, gouvernant l’empire au nom de son fils Constantin, âgé de dix ans, Irène dompta les complots et les rébellions avec une énergie impitoyable. Elle entra en relations avec Charlemagne et essaya d’obtenir de lui une de ses filles, Rothrude, pour le jeune Basileus. Le règne d’une femme était nécessairement celui des eunuques. L’un d’eux, Théodoros, est envoyé pour réprimer la rébellion du gouverneur de Sicile ; un autre, Jean, est vainqueur des Arabes ; un troisième, Staurakios, soumet les tribus slaves de la Hellade et reçoit les honneurs du triomphe à l’Hippodrome ; un quatrième,