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DANS L'INDE

V.[1]
JEYPORE, BOMBAY. ELLORA, LA TRAVERSÉE.


18 décembre.

A Calcutta, l’Inde anglaise; à Bénarès, l’Inde des brahmes; à Agra, l’Inde des grands Mogols; ici l’Inde des rajahs, l’Inde des romans, de l’opéra, féerique et paradoxale. Le Rajpootana est un très vieux royaume hindou, semblable à ceux qui couvraient la péninsule avant les établissemens musulmans aux premiers siècles de notre ère. Il n’a jamais été conquis. Contre les diverses races maîtresses de l’Inde, ces Rajpootes ont maintenu leur indépendance. Ils sont encore le peuple aryen qu’ils étaient aux temps fabuleux du Ramayana. A travers cent trente-neuf générations, le rajah fait remonter sa généalogie jusqu’au Soleil, qui fut père du grand Rama. Il gouverne encore selon la loi de Manou, comme les rois hindous, ses ancêtres, qui vécurent avant César. Les barons sont de race aussi bonne, comme lui fils du Soleil et de la Lune, et l’origine des grandes familles rajpootes se perd dans la nuit des temps. Le peuple lui-même, organisé comme aux temps primitifs en clans, en tribus, est de race noble, de race blanche. Tout Rajpoote est kchattrya de naissance; il appartient à cette

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 janvier, du 1er février et du 1er mars.