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I

La plupart des physiologistes qui soutiennent la superfluité du mental se rattachent à la doctrine évolutionniste. Or, leur hypothèse nous semble précisément contraire à la théorie de l’évolution. En effet, rien ne se développe, dans les espèces vivantes, que ce qui a pour elles une utilité pratique et vitale. Une sensation qui ne servirait pas à éveiller une tendance au mouvement, une impulsion à produire un effet extérieur, serait sans utilité pour l’être animé ; elle ne se serait donc jamais développée par sélection, avec les mouvemens qui y correspondent ; elle n’aurait jamais été triée dans l’ensemble des impressions plus ou moins confuses produites en nous par le monde extérieur. La vie, à son origine, ignore absolument la contemplation : elle ne connaît que l’action. Si l’animal a des yeux, ce n’est pas uniquement pour voir, c’est pour agir et se mouvoir ; s’il a des oreilles, c’est pour être averti de ce qui peut lui être utile ou nuisible. Même aujourd’hui, la contemplation n’est encore qu’une action supérieure, en vue d’un intérêt supérieur et d’une forme supérieure de la vie. Nous ne sommes pas nés pour penser, mais pour vouloir. Toute sensation ou représentation retentit sur la vie organique elle-même, qu’elle favorise ou contrarie ; c’est pour cela, nous le verrons, que l’idée du bien-être et de la guérison peut guérir le malade, que la représentation d’un