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LES
CLASSES PAUVRES
EN ANGLETERRE

L’ENFANCE, SES ENNEMIS ET SES PROTECTEURS.

C’est un fait tout à l’honneur de l’Angleterre qu’en aucun temps les misères humaines n’y ont excité plus de commisération et apitoyé plus de cœurs. Pendant que se multiplient les congrès où l’avenir des classes laborieuses et les inégalités dont elles se plaignent sont l’objet de discussions passionnées, une école humanitaire très pratique, soucieuse d’obtenir avant tout des résultats, s’empare peu à peu de l’esprit public qu’elle façonne et attendrit à sa guise. Les plus charitables initiatives se développent et s’exercent aux applaudissemens de spectateurs gagnés d’avance. L’ingéniosité des philanthropes ne recule devant aucune hardiesse, et c’est plaisir de voir les conférenciers, la presse, les représentans de l’Église nationale ou des sectes dissidentes s’unir et se confondre dans un même élan de fraternité. Les partis politiques eux-mêmes font trêve; il semble qu’un immense besoin de générosité et de dévoûment dévore l’âme du pays et qu’il n’existe plus rien en dehors de cette nécessité impérieuse : améliorer la condition des