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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


Un très vif mouvement de hausse s’est dessiné sur le marché de Paris pendant et après la liquidation de fin mai. Les places étrangères, indécises d’abord, ont été bientôt entraînées à leur tour. Le découvert qui s’était formé à l’occasion de la crise du mois dernier sur les rentes françaises, le Portugais, l’Extérieure, les valeurs ottomanes et quelques-uns de nos établissemens de crédit, a été poursuivi avec une telle vigueur que d’importans rachats sont devenus rapidement nécessaires et ont donné à la reprise une allure violente qu’elle ne pourra vraisemblablement pas soutenir.

C’est l’impulsion donnée à notre rente française 3 pour 100 qui a tout entraîné. Un déport de 25 centimes explique la fixation à 95 francs du cours de compensation, alors qu’au milieu du mois la rente avait valu 92.50. Le déport explique également la brusquerie de l’élan qui a suivi ; il ne l’explique pas seul toutefois, et il faut encore rappeler que le grand facteur de la hausse de nos fonds publics, et notamment du 3 pour 100 ancien, est la continuité des achats de la Caisse des dépôts et consignations pour le compte des caisses d’épargne, achats qui portent sur un capital de 40 millions en moyenne par mois. La rente a été portée en peu de jours de 95 francs à 95.50, ramenée par quelques réalisations à 95.25 et enlevée ensuite en deux séances à 95.90. Le vendredi 12, elle reste à 95.62, ce qui représente, à 12 centimes près, le cours rond de 95 francs après le détachement du coupon trimestriel de 75 centimes le mardi 16 courant.

En dehors de ces raisons spéciales de hausse pour la rente française, les marchés financiers ont subi l’impression favorable de la détente monétaire à Londres et de l’arrangement des affaires portugaises.

Les États-Unis ayant constamment envoyé de l’or, à raison de 5 à 7 millions de dollars par semaine, les deux Banques de France et d’Angleterre se sont largement approvisionnées en vue des besoins de numéraire que fait trop aisément prévoir, pour la fin de l’année, l’insuffisance des récoltes dans l’Europe occidentale. Les 250 à 300 millions de francs en or, que New-York a expédiés depuis le commencement de l’année, peuvent être considérés pour partie, comme le prix des achats de titres de chemins de fer américains effectués pour le compte des États-Unis à la fin de 1890, au cours de la crise Baring. La Banque d’Angleterre a vu sa position suffisamment fortifiée pour abaisser de 5 à 4 pour 100 le taux de son escompte. Son dernier bilan