d’une session expirante et les grèves suscitées par de malfaisans agitateurs.
Ce qu’il y a toujours de frappant, en effet, c’est ce contraste entre les instincts d’une population paisible dans ses plaisirs comme dans sa vie laborieuse, et les incessantes menées de ceux qui n’ont d’autre souci que de provoquer à propos de tout des crises et des agitations nouvelles. Le fait est que s’il n’y a pas eu aux dernières heures de la session, à la veille des vacances, une crise ministérielle, ce n’est pas la faute de quelques meneurs de la chambre, et qu’il suffit d’une occasion, d’une interpellation pour dévoiler l’inconsistance de nos malheureux pouvoirs publics.
À quoi cela a-t-il tenu ? On n’y songeait guère assurément, lorsqu’un député, connu pour se mêler de tout et pour mettre partout ses excentricités, a cru devoir soulever en plein parlement une question des plus délicates qui touche aux relations de la France avec l’Allemagne. Il s’agissait du régime des passeports en Alsace-Lorraine, de restrictions nouvelles qui auraient été imposées par la police allemande, d’une sorte d’exclusion qui frapperait nos industriels et nos commerçans. Les faits étaient-ils vrais ou étaient-ils d’une date récente ou s’appliquaient-ils particulièrement aux commerçans français ? N’importe, les journaux l’avaient dit ! M. Laur, sur la foi d’un bruit de journaux, se hâtait de mettre M. le ministre des affaires étrangères sur la sellette, prêt là le foudroyer de ses interpellations. M. le ministre des affaires étrangères, à son tour, un peu impatienté à ce qu’il semble des obsessions de M. Laur, croyait pouvoir s’abstenir d’explications qu’il jugeait, sans doute inopportunes, — et se bornait à demander un ajournement. Qu’arrivait-il ? On répondait sur-le-champ par un vote qui repoussait l’ajournement, qui était un échec sensible pour le chef de notre diplomatie et était un triomphe pour M. Laur ! Évidemment, M. le ministre des affaires étrangères ne s’était pas rendu compte de ce qu’on peut toujours attendre ou craindre d’une chambre livrée à la mobilité de ses impressions ; la chambre, de son côté, ne s’était pas rendu compte de la gravité de son vote, — et un instant on s’est trouvé sans le savoir, sans le vouloir, par une sorte de surprise, au bord d’une crise ministérielle ! Il a fallu aussitôt se mettre à l’œuvre pour réparer une bévue qui était un peu la faute de tout le monde ; il a fallu que M. le ministre des affaires étrangères retrouvât son élégante parole pour donner les explications qu’il n’avait pas données la veille, que la chambre se désavouât elle-même en retirant un vote d’étourderie, — et provisoirement on en a été quitte pour la peur ! — Ce n’est pas tout encore. À peine était-on remis de cette alarme, deux ou trois jours après, M. le président du conseil demandait un crédit pour la reconstruction de l’École polytechnique : on lui répondait aussitôt en lui refusant le crédit qu’il demandait, — et M. le président du conseil quittait la chambre en