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LES
COMÉDIENNES DE LA COUR

LA DUCHESSE DU MAINE, MADAME DE POMPADOUR ET LA REINE MARIE-ANTOINETTE


I

Deux traits distinctifs de cette société d’autrefois qui divinisait le plaisir et tomba dans le gouffre avec une si folle et si gracieuse imprévoyance, c’est d’abord la science de la conversation et du monde, perfectionnée par le sentiment des nuances, facilitée par le loisir des grandes existences, par l’influence de plus en plus prépondérante de la femme ; c’est ensuite le goût de la comédie de salon, mis à la mode par quelques princes et seigneurs de haut parage, devenu insensiblement une passion, une fureur universelle, pénétrant tous les ordres de la nation, au point que ce talent fait en quelque sorte partie intégrante de l’éducation, et qu’à certain moment on compte, pour Paris seulement, cent soixante théâtres particuliers. La science de la conversation n’appartient pas en propre au XVIIIe siècle, et le XVIIe siècle nous en fournit les plus excellens modèles ; la comédie d’amateurs au premier abord semble un produit spontané, une découverte du siècle dernier, qui s’est conservée à peu près intacte, à travers bien des écroulemens, bien des métamorphoses.

Et toutefois, il ne peut en revendiquer l’honneur tout entier. Comment oublier, en effet, ces divertissemens royaux, développés