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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/176

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LES
MANOEUVRES NAVALES DE 1891

La sanction suprême de l’expérience, celle du combat, manque aux nouvelles flottes de guerre.

Lissa est restée la seule bataille importante dans laquelle des cuirassés soient entrés en ligne. Depuis, le matériel naval a été entièrement transformé et renouvelé ; les règles de tactique adoptées par les cuirassés d’autrefois ne sont plus applicables à nos vaisseaux de ligne armés de canons à tir rapide, de torpilles et de l’éperon qui, à lui seul, a marqué une révolution dans les méthodes d’engagement de flotte contre flotte.

Enfin les vitesses auxquelles on prétend aujourd’hui ont singulièrement modifié les conditions mêmes de la guerre navale ; les escadres de seconde ligne, que l’on armait jadis à loisir après l’ouverture des hostilités, doivent être désormais prêtes à prendre la mer dans le plus bref délai possible, pour remplacer ou renforcer les bâtimens de première ligne qui peuvent rencontrer l’ennemi le jour même de la déclaration de guerre. De là un système de mobilisation des réserves navales analogue à celui de l’armée et qui nécessite un entretien minutieux des navires que les exigences du budget ne permettent pas de maintenir en état d’armement permanent.

Les différens types de bâtimens qui constituent les flottes actuelles sont le produit de conceptions théoriques qui ont été souvent poussées à l’extrême ; tantôt on a prôné les énormes masses bardées d’acier, armées d’un petit nombre de canons monstres ; tantôt au contraire on a tout sacrifié à la vitesse et penché vers