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A la banque de Prusse A la banque de France
1870 2,275 francs 1,524 francs
1875 2,512 — 1,612 —
1879 2,022 — 930 —

La Banque de Prusse, appelée à remplacer une institution justement populaire, ne modifia pas ses propres habitudes, malgré la plus grande circulation en Alsace, confiante dans la bonne administration de ses directeurs.

Chez elle, pas de formalités gênantes ni compliquées, pas de certificat de solvabilité nécessaire pour présenter les effets, pas de conseil d’escompte se réunissant trois fois par semaine pour approuver l’achat d’effets : le porteur se présente au guichet, l’effet est examiné par les deux directeurs, et, si ceux-ci le trouvent bon, l’argent est payé immédiatement. En outre, la Banque de Prusse achetait les effets sur l’étranger. Les opérations d’avances portaient sur les métaux précieux, les valeurs mobilières, les marchandises ; la législation allemande ne connaissait pas le warrant.

Ainsi donc moins de formalités qu’en France : l’intervention d’un représentant des actionnaires n’était pas jugée nécessaire ; l’ouverture du crédit dépendait uniquement des deux fonctionnaires placés à la tête de la succursale.

Les succursales de Strasbourg, de Mulhouse et de Metz furent dotées des mêmes attributions que les succursales existantes (escomptes d’effets sur les places où se trouvaient les comptoirs, commandites ou agences de la Banque, achat de lettres de change sur Hambourg, certaines villes de l’Allemagne du Sud, Londres, Amsterdam, Bruxelles, avances sur métaux précieux, sur titres ; en outre, versemens à Berlin ou dans les succursales, encaisse-mens, achat et vente de titres).

Avec l’invasion et la conquête allemandes, la monnaie allemande, le thaler et le silbergros, était arrivée. Une des premières mesures des généraux avait été de fixer la relation du thaler au franc. Un arrêté du gouverneur-général, du 8 novembre 1870, prescrivit que, dans tous les paiemens, on serait tenu d’accepter le thaler pour 3 fr. 75 et le franc pour 8 gros[1]. Le thaler avait cours légal et force libératoire à l’égal de la monnaie de France. Dans ces circonstances, la Banque de Prusse autorisa l’escompte des effets sur Metz, Strasbourg, Mulhouse, libellés en francs, à la condition que la lettre de change portât aussi la somme exprimée en thalers et en gros, au change fixe. En outre, comme on était

  1. 4 thalers = 7 florins = 15 francs.