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son intelligence, se fond en parades, chansons, facéties, et, Corneille excepté, il ne verra dans la plus belle tragédie qu’un sujet de plaisanterie. D’ailleurs, il ne sent point le prix des beaux vers et ne fait guère plus de cas d’un poète que d’un homme qui soufflerait dextrement des pois dans une sarbacane. Il parodie Alzire, il parodiera la scène d’Athalie et de Joas[1], il aurait parodié la création, le jugement dernier, et comme la cour et la ville se délectaient de ses grivoiseries, il allait toujours son train. Il y a des gens auxquels une fleurette révèle le royaume de l’idéal ; il en est d’autres qui, après avoir fait le tour du monde, n’ont distingué qu’un singe et retenu que sa grimace.

Malgré deux tentatives honorables dans le domaine de la comédie sérieuse et de la comédie historique, Collé se considéra toujours comme un soldat de fortune dans les lettres, et très modestement il refusa une candidature à l’Académie française que lui offraient en 1763, après le grand succès de la Partie de chasse

  1. Transformé en sacristain et interrogé sur ses passe-temps, Joas répond :
    Je sers la messe aussi dans les belles églises,
    Et j’en chasse les chiens quand ils font des sottises.